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L'or et la poussière, René de Ceccatty

Publié le par Jean-Yves Alt

Elle a soixante-huit ans, il en a quarante-huit. C'est le coup de foudre de l'amitié. Amitié-passion entre madame du Deffand et Horace Walpole. Ils se rencontrent peu, ils s'écrivent énormément.

Madame du Deffand vieillit. Elle n'y voit plus. Mademoiselle de Lespinasse l'a trahie, s'acoquine avec les philosophes. Madame du Deffand a connu plusieurs règnes. Elle appartient à la race de ceux qui ne prônent l'intelligence que comme la pulsion d'un art de vivre où ne pas s'ennuyer est la règle d'or.

Dans l'ombre bruissante de paroles où elle règne encore, du fond de son « tonneau » (vaste fauteuil coquille), elle perçoit l'étrange séducteur anglais, Horace Walpole qui vient de publier un roman étonnant : "Le Château d'Otrante". Entre cette femme bercée dans le classicisme et la rigueur de la politesse de cœur et cet homme qu'appellent déjà les nuées romantiques et un goût médiéval et baroque pour le morbide, se noue une superbe amitié jusqu'à la mort de Madame du Deffand.

René de Ceccatty reconstitue sous forme de récit cette double biographie franco-anglaise à partir de documents authentiques, des lettres principalement. Son roman a le charme d'une époque en voie de disparition mais révèle aussi la naissance du romantisme.

Horace Walpole aima Marie d'amitié (il vénérait les vieilles dames) mais ses élans (consommés ou pas) le portaient vers les jeunes hommes, notamment le poète Thomas Gray. Madame du Deffand n'est pas ignorante de l'attrait qu'il exerce aussi sur le jeune John Graufurd lors de son premier séjour à Paris...

Entre Horace et Marie, il s'agit d'autre chose : dernier élan du cœur chez une femme qui pressent, sans l'accepter, l'exaltation délicieuse des amours romantiques, amitié sublime chez un homme qui admire la grâce et la liberté d'une aristocrate dont le salon a marqué la vie littéraire.

C'est Marie du Deffand qui retient mon intérêt, une femme qui écrit et dit sur le temps, sur l'amour, sur l'art, dans la pudeur d'une époque libertine mais sans concessions aux défaillances du coeur. Un très beau portrait de femme.

■ L'or et la poussière, René de Ceccatty, Editions Gallimard, 1986, ISBN : 2070705137


Du même auteur : Esther - L'extrémité du monde - Une fin - La princesse qui aimait les chenilles - L'étoile rubis - Babel des mers - Violette Leduc, éloge de la bâtarde

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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) Au plaisir.
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