Eternal Sunshine of the Spotless Mind un film de Michel Gondry (2003)
Joël et Clémentine ne voient plus que les mauvais côtés de leur tumultueuse histoire d'amour, au point que celle-ci fait effacer de sa mémoire toute trace de cette relation. Effondré, Joël contacte l'inventeur du procédé Lacuna, le Dr. Mierzwiak, pour qu'il extirpe également de sa mémoire tout ce qui le rattachait à Clémentine.
Deux techniciens, Stan et Patrick, s'installent à son domicile et se mettent à l’œuvre, en présence de la secrétaire, Mary. Les souvenirs commencent à défiler dans la tête de Joël, des plus récents aux plus anciens, et s'envolent un à un, à jamais. Mais en remontant le fil du temps, Joël redécouvre ce qu'il aimait depuis toujours en Clémentine. L’inaltérable magie d'un amour dont rien au monde ne devrait le priver. Luttant de toutes ses forces pour préserver ce trésor, il engage alors une bataille de la dernière chance contre Lacuna...
La mémoire est fortement identifiée à la personne. Pourtant, la personne est plus que sa mémoire, et la mémoire individuelle elle-même est toujours débordée par sa dimension collective. Étrange, tous ces films évoquant la mémoire... Eternal Sunshine of the Spotless Mind, de Michel Gondry, narre l'histoire d'un couple où chacun tente d'effacer l'autre de sa mémoire à la suite d'un conflit, grâce à un neurologue irresponsable louant ses services à ceux que les souvenirs font souffrir.
L'intrigue du film se noue autour du désir du protagoniste masculin de faire marche arrière en plein traitement, et de résister au lavage de cerveau.
Que reste-t-il de ce qui fait l'essentiel de nos vies, une fois la mémoire disparue ? Cet essentiel n'est-il pas inscrit au cœur de nos fibres, de notre regard, de notre personne ? Même le dernier souvenir effacé, un « je ne sais quoi » persiste alors de l'attirance entre les héros, comme si celle-ci ne se résumait pas aux souvenirs communs.
Je perçois, en filigrane de ce thème, l'angoisse devant la maladie d'Alzheimer, dans laquelle ceux que nous avons aimés semblent se dissoudre, alors que, pourtant, une vapeur subtile de leur personne, de leur attitude, de leur regard est encore là.
Un autre aspect de ce type de film est lié à l'extrême individualisation de notre vie : comme nous sommes les seuls garants de notre trajectoire, et que nous désirons être les seuls à en contrôler le récit, nous perdons de vue le fait que la validation sociale de notre mémoire nous aide à la faire exister.