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A Brest, en 1776

Publié le par Jean-Yves Alt

Un fidèle lecteur d'Arcadie a retrouvé, dans le Journal historique et politique du 29 février 1776, le texte suivant qui a attiré son attention. Rien n'est précisé..., tout est suggéré. Quelque Arcadien de Brest pourrait-il, grâce à une recherche dans les archives de la ville, apporter des précisions sur le drame mystérieux des deux amis ?

De Brest, 14 février 1776,

Le 12 de ce mois, les nommés Chaulin et Fierville, tous deux sergens du corps royal de Marine, division de Brest, ont donné une preuve assez singulière d'indifférence pour la vie.

Liés d'une amitié très étroite, après avoir fait leurs testamens, et écrit des lettres de remerciements au major et à plusieurs fourriers et sergens, ils sortirent sur les onze heures du matin et se rendirent à un quart de lieue de cette ville, où ils se brûlèrent la cervelle. Le sang-froid ne les abandonna pas un moment. Il est probable que Fierville s'est tué le premier, car il était assis le dos contre un fossé et avait le coup à la tempe gauche. Chaulin, plus éloigné, était debout, incliné sur les terres du fossé et blessé au-dessus de l'œil du même côté. Le pistolet était resté dans sa main mais celui de Fierville fut trouvé à côté de lui, rechargé. Chaulin avait encore pris la précaution de suspendre un mouchoir blanc aux branches d'un arbre sous lequel ils allaient se donner la mort, pour indiquer à ceux qui les chercheraient le lieu où ils s'étaient tués.

Dans leurs lettres ils ne témoignent aucun mécontentement du service ; au contraire, ils remercient les officiers des bontés qu'ils ont eues pour eux. Des reproches qu'ils avaient essuyés de leurs familles sur des écarts de jeunesse paraissent les avoir portés à cet excès de désespoir, car avant de se donner la mort ils avaient adressé à leurs pères et mères des lettres où ils se plaignaient amèrement de leur dureté.

On a retrouvé deux cartes, sur lesquelles leurs noms étaient imprimés, et où ils avaient écrit de leur main, dans l'intervalle des noms, la date de leur suicide, dans la forme suivante :

M. FIERVILLE

se sont tués le 12 février 1776

M. CHAULIN

 

Arcadie n°233, mai 1973

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