Déporté de soi-même avec Raymond Mason
Cette œuvre est un hommage aux victimes de la catastrophe minière de Liévin en 1974. Elle atteint – à partir d'un fait contemporain – la même dimension humaine qu'une œuvre de la tragédie antique ou de l'âge classique.
Dans une scène tragique les acteurs se reconnaissent dans la douleur. Les liens affectifs se traduisent dans les regards qui se croisent et traversent l'espace. Ils forment les axes tout aussi actifs que ceux formels, des lignes et des volumes. Ici, les axes convergent sur la femme de devant. Le bras tendu du mineur chauve assure la communication avec le spectateur.
Raymond Mason, en se dégageant de la confusion de l'instant de la tragédie, montre des significations que l'émotion peut ne pas remarquer.
La contraction dans les traits des visages, les rides (plus exactement les sillons de l'effort ou de la souffrance) ne sont pas un traitement expressionniste des conséquences de la tragédie. Nul masque derrière chaque visage.
Mason Raymond – Une tragédie dans le Nord, l'hiver, la pluie, les larmes – 1975/77
Chaque être qui semble appeler « Au secours » est avant tout – au delà du drame présent – déporté de lui-même.