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Enfants esclaves du féminisme par Marcela Iacub

Publié le par Jean-Yves Alt

Si j’avais des enfants, je n’aimerais pas qu’on leur prodigue des cours de «genre» dans les écoles. Sans les retirer de ces établissements comme le prônent certains extrémistes je les aurais mis sérieusement en garde contre ce qu’on leur apprend. Pourtant je ne suis pas une droitière traditionaliste qui hait les homosexuels, l’avortement ou le travail des femmes. Bien au contraire. Mon plus grand souhait c’est que tout un chacun devienne homosexuel ne serait-ce que quelques heures par an, que la grossesse soit remplacée par des douces machines et que l’inactivité professionnelle des femmes soit considérée comme un problème social grave. Et je souhaite plus que tout au monde que dans la société de demain il n’y ait plus deux sexes - ou deux genres - mais des centaines ou des milliers pour qu’on en finisse une fois pour toutes avec l’oppression des femmes.

Si je me méfie de ces enseignements, c’est parce que je connais les théories des associations féministes qui travaillent avec le gouvernement actuel et qui cherchent à guérir les enfants de la culture patriarcale. Ces militantes sont convaincues qu’elles détiennent des sortes de vérités révélées à propos de ce qu’il faut faire pour en finir avec les inégalités réelles entre les hommes et les femmes. Elles pensent que toutes les théories ou les opinions différentes des leurs sont des trahisons voire des crimes contre leurs sœurs en souffrance.

Cette manière de voir les choses ne peut donner lieu qu’à une sorte d’endoctrinement des enfants à «une» théorie féministe particulière sous couvert d’un apprentissage à l’égalité qui serait universel et indiscutable.

Par ailleurs, cette manie de chercher à remplir les cerveaux des enfants de certitudes politiques féministes est problématique indépendamment du contenu de ce qu’on voudrait leur transmettre. Ces associations prétendent que c’est pour libérer les jeunes générations des stéréotypes machistes censés être inguérissables passés un certain âge. Or la plupart de nos opinions politiques et de nos manières de vivre relève dans une très large mesure des préjugés que nous avons conçu très jeunes et qui viennent de nos familles et des milieux culturels dont nous sommes issus. Le régime démocratique permet précisément de les discuter, de les transformer ou de les abandonner grâce à la liberté de communiquer nos pensées, nos idées et nos expériences.

Le véritable but des enseignements sur le genre est moins de libérer la population de certaines erreurs de jugement que de tourner le dos à cette manière démocratique de concevoir le changement social.

On voudrait convaincre les habitants de ce pays dès leur plus jeune âge, car petits ils posent moins de questions, sont plus obéissants. Devenus adultes ils ont cette horrible habitude de demander «pourquoi ?», de dire «je ne suis pas d’accord» et autres saillies embarrassantes. Comme si l’on cherchait non pas à apprendre aux enfants à penser mais à remplacer certains préjugés par d’autres pour que les «mentalités» changent plus vite, pour accélérer le rythme d’une histoire dont on tient la direction comme inéluctable.

Dans une démocratie, l’école doit être un lieu qui donne aux enfants des outils intellectuels et émotionnels leur permettant un jour de s’émanciper des valeurs et des dogmes de leur famille. Non pas de certaines familles en particulier, celles que l’on accuse d’avoir des idées rétrogrades mais de toutes. Et ce, non pas par l’apprentissage des vérités indiscutables ou par le mépris de certaines opinions ou formes de vie mais par le développement de leurs capacités critiques.

Des enfants endoctrinés dans les théories féministes officielles ne seront pas des citoyens libres mais des esclaves et ceci est encore plus dangereux que le machisme. Car une population façonnée de la sorte pourra adhérer demain avec la même servilité aux idées les plus ridicules et les plus répugnantes.

Libération, Marcela Iacub, samedi 15 février 2014

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