Essai de méthodologie pour l'étude des aspects homosexuels de l'Histoire par Marc Daniel
Sur tous les continents, à toutes les époques, aussi loin que remonte la mémoire de l'humanité, des hommes, méprisant l'ordre apparent de la nature, ont éprouvé un désir sexuel plus ou moins exclusif pour d'autres hommes – adultes ou adolescents. Sur tous les continents, à toutes les époques, cette particularité de leur instinct sexuel les a amenés à se poser des questions de divers ordres, les a mis dans une position particulière vis-à-vis des lois, des religions, des doctrines philosophiques, de l'opinion publique. Sur tous les continents, à toutes les époques, la société dans son ensemble a réagi de diverses façons au problème que pose pour elle cette préférence sexuelle particulière.
Ce sont là des faits indéniables, des données historiques aussi certaines que la permanence, par exemple, de l'instinct religieux, ou de la passion des hommes pour la richesse. A ce titre, il est tout aussi légitime de s'intéresser à cet aspect homosexuel de l'histoire que d'en étudier les aspects religieux ou économiques. L'homosexualité étant une composante de la sexualité humaine, donc de la vie humaine, il n'y a pas plus de raison d'en négliger l'évolution historique que celle des autres composantes, si l'on veut aboutir à un tableau complet de l'histoire de l'humanité.
Cependant, la force du préjugé millénaire qui fait de l'homosexualité une monstruosité contre-nature est telle que bien peu d'historiens, en dehors des homosexuels eux-mêmes, ont eu le goût ou le courage de se livrer à cette étude.
D'autre part, il se trouve que des dizaines de millions d'hommes, aujourd'hui, souffrent des conditions de vie qui leur sont faites parce qu'ils sont homosexuels, et cherchent, avec juste raison, à améliorer leur sort, en faisant campagne pour des modifications des lois qui les condamnent, et en travaillant à éclairer sur leur compte l'opinion publique. Pour ces homosexuels, que j'appellerai « militants », l'étude de l'histoire de l'homosexualité, n'est pas une activité intellectuelle « pour l'amour de l'art ». Leur but n'est pas, en fouillant le passé pour y trouver la trace de leurs prédécesseurs, d'enrichir de chapitres érudits les encyclopédies historiques : il est de fournir à la lutte pour l'émancipation des homosexuels des armes et des munitions.
Ainsi, dès le départ, l'étude de l'histoire de l'homosexualité se trouve, en quelque sorte, tiraillée entre deux tendances contradictoires, et par cette dualité initiale s'explique la pauvreté des résultats solides acquis jusqu'à présent.
En effet, s'il est imprudent d'aborder la recherche historique, dans quelque domaine que ce soit, sans une sérieuse formation méthodologique, sous peine d'aboutir à des hypothèses fantaisistes et à des approximations que les historiens affublent du nom méprisant d' « histoire-roman », ce péril est encore plus grand lorsqu'il s'agit de l'histoire de l'homosexualité. On ne répétera jamais assez, dans une publication comme Arcadie, à quel point il est inutile et même dangereux d'entreprendre l'étude de l' « histoire de l'homosexualité » sans en avoir préalablement défini l'objet avec précision, et sans s'être muni de règles de méthode d'une rigueur toute particulière. Inutile, d'abord, parce que de telles recherches, menées sans ordre et sans plan d'ensemble, ne peuvent aboutir, dans la meilleure hypothèse, qu'à des résultats fragmentaires et dépourvus de « perspective historique ». Dangereux même, parce qu'il ne faut pas se dissimuler que, dans ce domaine jusqu'à présent peu exploré, les progrès de l'historien honnête et sérieux sont observés avec malveillance par tous les tenants de l'hypocrisie traditionnelle, et Dieu sait s'ils sont nombreux. Aussi le moindre faux-pas, la moindre erreur de méthode, le moindre résultat erroné, sont-ils âprement critiqués, et retournés contre la cause même que nous prétendons servir, celle de la vérité.
Lorsque nous lisons, sous la plume de soi-disant historiens, doués de plus d'imagination que de bon sens, une pseudo-démonstration de l'homosexualité de Jésus (alors que rien, strictement rien, ne permet de croire cela, même en torturant le sens des Evangiles, qui, du reste, n'ont nullement la valeur de documents historiques authentiques sur la vie de Jésus), une telle méthode est la négation même de la méthode scientifique de recherche, et par conséquent elle apporte aux adversaires de l'homosexualité des armes puissantes. Il leur est aisé, en effet, après cela, d'accuser les homosexuels de travestir la vérité historique en leur faveur, et, comme dit le proverbe, de « tirer la couverture à eux ».
Or, seule une rigueur absolue peut conduire dans ce domaine à des résultats positifs ; plutôt que d'étudier « de travers » l'histoire de l'homosexualité, mieux vaudrait ne pas l'étudier du tout.
QUEL EST L'OBJET VERITABLE DES ETUDES D' « HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITE » ?
Les mots «histoire de l'homosexualité » sont, du reste, vagues et imprécis. En effet, lorsque nous parlons de l'« histoire des Etats-Unis » ou de l' « histoire de l'art grec », nous sommes tous d'accord sur l'objet et les limites de notre recherche, et nous savons ce que nous pouvons et ce que nous devons en attendre. Au contraire, l' « histoire de l'homosexualité » c'est, pour les uns, l'histoire de la vie des grands personnages homosexuels du passé – pour d'autres, l'histoire des lois concernant l'homosexualité – pour d'autres encore, l'histoire de la littérature d'inspiration homosexuelle, ou des religions et des philosophies dans leurs rapports avec l'Homosexualité, oui de l'opinion publique face à l'homosexualité, etc.
Or, toutes ces catégories de recherches ne sont pas également utiles, et ne doivent pas être confondues entre elles. Puisque l'Histoire, avec un H majuscule, a en définitive pour objet l'homme, sous tous ses aspects, l'histoire de l'homosexualité doit chercher à éclairer tous les aspects de la vie des homosexuels à travers les diverses civilisations : leur vie privée en tant qu'individus, leur vie sociale en tant que membres des communautés auxquelles ils ont appartenu, leur place dans les lois, dans les religions, dans les doctrines philosophiques, dans les littératures, dans les arts, dans l'opinion publique, selon les classes sociales, selon les rangs de fortune, selon les niveaux intellectuels, selon les professions, selon les régions, selon les provenances ethniques s'il y a lieu, etc. Cette simple énumération suffit à prouver qu'une telle histoire « totale » est du domaine du rêve : elle est inaccessible à nos recherches, non seulement parce que notre documentation sur le passé est insuffisante, mais parce que nous ne disposons d'aucun moyen de connaître les aspects « intérieurs » de la vie des homosexuels d'autrefois.
Or, si l'on a vraiment l'ambition d'arriver, en étudiant l' « histoire de l'homosexualité », à des conclusions dépassant le niveau de la monographie, c'est-à-dire à des conclusions pouvant servir à une construction qui embrasserait réellement l'histoire de l'humanité en son ensemble, il faudrait, outre tout ce qui précède, mettre en lumière le rôle joué par les homosexuels (en groupe) ou par certains homosexuels (en tant qu'individus) dans la construction de l'humanité, leur contribution au progrès des sciences, des arts, des idées, de la société, etc., et dans quelle mesure l'homosexualité a pu pénétrer, par leur canal, dans l'inconscient collectif des communautés auxquelles ils appartenaient. Il est aisé de se rendre compte qu'une telle étude est, dans sa plus grande partie, absolument impossible, car il n'y a aucun moyen scientifique de déterminer, par exemple, jusqu'à quel point le fait que Michel-Ange aimait les garçons a contribué à l'épanouissement de son génie, ou encore si la « bisexualité » de César doit être considérée comme une des faces de sa riche personnalité ou comme une tare amoindrissante. Dans un tel domaine jouent à plein les éléments « subjectifs », la passion pro ou contra, bref, tout ce qui est le plus radicalement étranger à la sérénité et à l'impartialité de l'historien.
L' « IMPARTIALITÉ » DE L'HISTORIEN
Entendons-nous bien cependant. Lorsque nous parlons de l'impartialité de l'historien, cela ne signifie pas son indifférence. En effet, il est tout à fait légitime que celui qui se livre à des recherches sur le passé le fasse selon une certaine optique, dans une certaine direction fixée à l'avance. Cela augmente bien souvent l'acuité de sa vue : ainsi, les historiens républicains français du XIXe siècle, en étudiant l'histoire du moyen âge avec l'ambition avouée d'y découvrir les antécédents de la grande Révolution de 1789, ont mis au jour des faits indiscutables concernant la « démocratie médiévale », que les historiens antérieurs, qui écrivaient du point de vue monarchique, avaient négligés ou ignorés.
Il n'y a donc pas d'inconvénient à ce que l'historien, qui porte ses recherches sur les aspects homosexuels du passé, le fasse avec l'espoir que les résultats qu'il obtiendra puissent servir à une grande cause, à savoir l'émancipation des homosexuels et leur réintégration dans la société de l'avenir. Mais il importe que cet espoir ne se transforme pas en idée fixe, et que la recherche proprement dite n'y perde ni en honnêteté ni en rigueur scientifique. C'est là un point sur lequel il est particulièrement nécessaire d'insister, car très souvent les néophytes enthousiastes (je veux dire les homosexuels qui entreprennent des recherches historiques, non par goût réel de l'histoire, mais pour appuyer une « propagande » homosexuelle) tombent à côté du but qu'ils ont visé, et même arrivent à prouver, aux yeux des lecteurs impartiaux, exactement le contraire de ce qu'ils ont cherché. Nous en citerons quelques exemples tout à l'heure.
L' « histoire de l'homosexualité », donc, n'est pas, en soi, une branche spéciale de l'histoire. Au contraire, elle chevauche plusieurs domaines spécialisés : l'histoire du droit, et notamment du droit pénal (étude des lois concernant l'homosexualité, et d'une façon plus générale de la mesure dans laquelle l'homosexualité a influé sur les lois) ; l'histoire des religions et des doctrines philosophiques (étude de la place occupée par l'homosexualité dans les doctrines, les mythes, les rites, les sacerdoces, sans négliger les hérésies) ; l'histoire des activités intellectuelles de l'humanité (poésie, littérature, arts, dans lesquels l'homosexualité doit être recherchée non seulement sous sa forme « extérieure » mais aussi sous sa forme « intérieure », par l'atmosphère dont elle a pu baigner certaines civilisations : ainsi la littérature japonaise classique) ; l'histoire des structures familiales et sociales (car l'homosexuel s'intègre, de façon variable selon les civilisations, dans la famille et la société où il vit, et la nature de cette intégration ne peut être appréciée qu'à condition de connaître la structure de cette famille et de cette société) ; l'histoire de la médecine ; etc.
C'est à dessein que j'ai réservé pour la fin le genre historique le moins défini, le plus facile en apparence, et en réalité le plus délicat à aborder sans préparation : la biographie.
LES BIOGRAPHIES DE PERSONNAGES HISTORIQUES HOMOSEXUELS
En effet, c'est depuis longtemps un défaut de beaucoup d'homosexuels (et qui leur est souvent reproché par leurs adversaires) de brandir comme des drapeaux les noms des grands hommes du passé (ou du présent) connus comme homosexuels, et de leur faire jouer malgré eux le rôle de chefs de file. En réalité, il faut bien avouer que cela ne prouve pas grand-chose. Socrate, Alexandre le Grand, Shakespeare et André Gide ont aimé les garçons, certes ; mais à ces noms il est aisé d'opposer ceux de beaucoup d'autres hommes également géniaux qui n'aimèrent que les femmes, et d'autre part il est non moins facile de citer des noms d'homosexuels qui furent des fous, comme le roi Louis II de Bavière, des criminels comme Gilles de Rais, des traîtres comme Alfred Redl, des lâches comme le prince Philipp d'Eulenburg, ou tout simplement des médiocres sans envergure, quorum nomen legio.
Donc on peut toujours écrire la vie des grands hommes d'État homosexuels, des grands écrivains homosexuels, des grands artistes homosexuels, etc., mais, sauf exceptions, cela ne conduit à aucun résultat important quant à la place occupée par l'homosexualité dans la vie de la société à leur époque. Ainsi, le grand juriste Cambacérès, qui fut le collaborateur préféré de Napoléon et nommé par lui Archichancelier de l'Empire, était notoirement connu pour son homosexualité : cela n'empêche pas que Napoléon n'eût pas toléré chez un autre ce qu'il acceptait chez Cambacérès, et que par conséquent les recherches que l'on pourra faire sur l'homosexualité de ce dernier n'ont d'intérêt que du point de vue de sa biographie individuelle. De même, il est bien connu que Frédéric II de Prusse préférait la compagnie de ses grenadiers à celle des dames de sa cour, mais cela ne prouvera certes pas qu'au XVIIIe siècle l'homosexualité fût admise en tant que telle, même en Prusse.
Il est, certes, intéressant de pouvoir démonter qu'à toutes les époques des hommes éminents par leur science, leur fortune, leur naissance, leur génie, ont été homosexuels ; cela permet de prouver que le fait d'être homosexuel n'est pas automatiquement synonyme d'abjection, de psychopathie, de monstruosité, de criminalité. Cependant, il n'est pas indispensable de s'attarder indéfiniment à une telle argumentation, qui est d'un niveau intellectuel par trop médiocre. L'historien de l'homosexualité doit avoir d'autres ambitions ; et rien ne semble plus contraire à ces ambitions que de se consacrer exclusivement à des biographies, surtout lorsque les documents authentiques manquent. L'historien a beaucoup mieux à faire, et des choses beaucoup plus importantes, que de raconter à perte de souffle les amours du roi Henri III avec ses mignons ou l'histoire des échecs amoureux de Tchaïkovski auprès des dames, à moins de se placer sous l'angle de la recherche médico-historique, qui est un domaine bien particulier.
Dans le cas des « génies créateurs » (écrivains ou artistes), le point de vue de l'historien est un peu différent, en ce sens que leur biographie peut éclairer de façon indiscutable leur œuvre. Ainsi, il est très important, pour pouvoir comprendre les contes de H.-C. Andersen, de pouvoir établir si oui ou non il était homosexuel, comme certains le prétendent alors que d'autres le nient ; de même, l'étude des biographies de Walt Whitman, d'André Gide, de Benvenuto Cellini, de Léonard de Vinci, permet de savoir dans quelle mesure ils ont été homosexuels, ce qui ne manque pas d'intérêt pour l'appréciation de leur œuvre. Mais ce genre de recherches est, tout compte fait, plus important pour l'histoire littéraire ou pour l'histoire de l'art que pour l'histoire de l'homosexualité proprement dite, car je ne crois pas que le fait que tel ou tel grand poète ou tel ou tel grand artiste ait été homosexuel ait eu, au moins dans l'immédiat, la moindre influence sur le destin de l'ouvrier, du paysan, du soldat, de l'employé de bureau homosexuels de la même époque. Or ce sont ces derniers qui sont l'objet ultime de notre recherche.
HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITÉ ET HISTOIRE DU DROIT
Au premier abord on peut être tenté de croire que c'est par le biais de l'histoire du droit que l'on peut approcher de la façon la plus précise la réalité de la vie quotidienne des homosexuels du passé. Il faut toutefois garder présent a la mémoire le fait que la loi, si elle est censée représenter l'opinion de la société en son ensemble, est souvent décalée par rapport à la réalité : soit qu'elle se trouve « en retard » sur les mœurs (ainsi, de nos jours, en Italie et en Espagne, où le divorce n'est pas admis par le code, alors que les liens matrimoniaux s'y trouvent, dans la réalité, aussi distendus que partout ailleurs en Europe), soit qu'au contraire elle se trouve « en avance » (ainsi, en France, au début du XIXe siècle, où le code pénal faisait preuve vis-à-vis de l'homosexualité d'une indulgence que l'opinion publique était encore loin de manifester). Du reste, il suffit de comparer les législations européennes actuelles avec la réalité des mœurs dans les divers pays pour constater le manque de parallélisme : l'Angleterre, avec une législation anti-homosexuelle sévère, compte une proportion d'homosexuels beaucoup plus importante que la France, dont le code pénal est pourtant beaucoup plus progressiste en ce domaine. Par conséquent, ce n'est pas parce que telle ou telle loi, dans le passé, a prononcé contre l'homosexualité des peines terribles, qu'il faut automatiquement en conclure que l'homosexualité a été réellement « traquée » à cette époque. Souvent même, au contraire, la sévérité, d'un texte de loi pénale est un indice de la fréquence du délit auquel elle s'attaque et de la tiédeur de sa répression effective.
HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITE ET HISTOIRE LITTERAIRE
En un sens, c'est peut-être l'étude de la littérature qui permet de comprendre le plus clairement ce que les hommes d'une époque et d'un pays donnés ont pensé de l'homosexualité. Ainsi, le Satyricon de Pétrone en apprend davantage sur la réalité des mœurs dans l'Italie du Sud au Ier siècle de notre ère que tous les textes de loi ; et, plus proche de nous, la Recherche du Temps perdu de Marcel Proust ressuscite à nos yeux non seulement la vie d'un grand seigneur français homosexuel aux environs de 1900, mais celle de toute l'humanité homosexuelle autour de lui. Malheureusement, de telles œuvres sont rares, et là encore il convient de ne pas tout accepter sans vérification. A côté des œuvres géniales, il y a les romans médiocres, où la vérité, apparaît, consciemment ou non, déformée, soit par la passion hostile (ainsi dans Charlot s'amuse, roman « à scandale » de Paul Bonnetain, à la fin du XIXe siècle), soit au contraire par l'homosexualité même de l'auteur (comme il arrive dans tant de mauvais romans homosexuels contemporains, dont la France produit un si grand nombre, tout comme les Etats-Unis, l'Angleterre et l'Italie).
Si l'on pouvait, pour chaque période de l'histoire, tracer à propos de l'homosexualité le tableau précis de l'ensemble des éléments que nous avons énumérés (législation, doctrines religieuses et philosophiques, opinion publique, littérature, personnalités homosexuelles et leur rôle dans la société), l'on pourrait avoir l'espoir légitime d'aboutir finalement à une véritable « histoire de l'homosexualité ». Malheureusement tel n'est pas le cas, il s'en faut de beaucoup.
* Une version en langue anglaise de ce texte a été publiée par la revue Homophile Studies, de Los Angeles, dans son numéro 11 (automne 1960). La présente version est augmentée et mise à jour.
Arcadie n°131, Marc Daniel (Michel Duchein), novembre 1964
Lire l'article complet « Essai de méthodologie pour l'étude des aspects homosexuels de l'Histoire » de Marc Daniel publié dans Arcadie n°131-132-133-134