Hymne à Maurice Pilorge par Jean Genet
« Je demande à la mort la paix, les longs sommeils, / Le chant des séraphins, leurs parfums, leurs guirlandes, / Les angelots de laine en chaudes houppelandes, / Et j'espère des nuits sans lunes ni soleils, / Sur d'immobiles landes. / Ce n'est pas ce matin que l'on me guillotine. / Je peux dormir tranquille. À l'étage au-dessus / Mon mignon paresseux, ma perle, mon Jésus / S'éveille. Il va cogner de sa dure bottine / À mon crâne tondu. »
Jean Genet
in Le Condamné à mort, Gallimard/Poésie, 1999, ISBN : 207040787X
C'est le premier poème de Jean Genet. Il a été écrit à l'automne 1942, alors qu'il était incarcéré à la centrale de Fresnes. Il est dédié à la mémoire de son ami, Maurice Pilorge, assassin de 20 ans « dont le corps et le visage radieux hantent mes nuits sans sommeil », déclare Genet dans la postface du poème.
Condamné à la guillotine pour avoir assassiné son compagnon, Pilorge, beau et insolent jusque devant la mort, répliqua au bourreau qui l'avait bousculé : « Si vous êtes pressé, prenez ma place, voulez-vous. »