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Les tabous sexuels de l'Islam par Serge Talbot

Publié le par Jean-Yves Alt

Quid leges sine moribus ?
(Que peuvent les lois sans les mœurs ?)
En terre d'Islam l'homosexualité ne pose pas au croyant autant de cas de conscience dramatiques qu'en pays chrétien. Surtout quand elle est pratiquée entre enfants ou jeunes gens, elle ne soulève pas d'indignation bien grande. Historiens et poètes attestent qu'il en fut de même en Espagne musulmane, au temps de Charlemagne. A quoi tient cette tolérance ? Beaucoup en attribuent le mérite à l'Islam. En réalité, selon la Loi musulmane, la sodomie est un péché très grave. Pourquoi donc a-t-elle survécu à tous les anathèmes ?
Cela parait d'autant plus paradoxal qu'en Orient la vie entière du croyant est dominée par le minaret, dressé « comme un doigt qui montre le Ciel ». Jusque dans ses plus petits détails, elle est réglée par la Loi musulmane (Charica).
Cette Charica, qui entoure le croyant d'un réseau sacral, fut déduite du Koran et de la tradition du Prophète (Sounna) par les Docteurs, il y a plus d'un millénaire. Le Koran étant une « dictée surnaturelle enregistrée par le Prophète inspiré » (Massignon), la Charica manifeste la Volonté infaillible et définitive d'Allah (Allah signifie tout simplement Dieu). Elle règle aussi bien les problèmes moraux que les problèmes religieux, la façon de satisfaire les besoins naturels que l'usage du cure-dents ; elle interdit à l'homme de manger du porc, de s'enivrer, de pratiquer la sodomie et de porter des anneaux d'or et d'argent... Droit, éthique et rituel sont traités sur le même plan.
Les relations sexuelles risquent de tomber sous le coup d'un tabou très grave, frappant la fornication (Zinâ), dont Allâh a fait à la fois un péché et un crime qui, en principe, est punissable de mort. Or il semble en être ainsi de la sodomie, encore que tous les docteurs ne la considèrent pas comme un cas de Zinâ. On a parlé d'un homosexuel passif condamné au feu (peine absolument monstrueuse en terre d'Islam) : mais l'authenticité de cette histoire est fort douteuse.
Ce qui est certain, par contre, c'est que le Koran, à la Sourate XV, conte le châtiment des habitants de Sodome, coupables de n'avoir pas respecté l'hospitalité que Loth, l'homme juste, donnait aux anges : « Nous ensevelîmes Sodome sous ses ruines, et nous finies tomber sur ses habitants une pluie de pierres » (verset 74).
L'anathème koranique est renforcé par un autre élément. Pour le croyant, Mohammed (Mahomet, comme nous disons curieusement !), est le type de l'homme parfait. La vie intime du Prophète, en particulier sa vie sexuelle, est un exemple qu'il doit sans cesse avoir sous les yeux. Or l'Envoyé de Dieu aimait les femmes, il eut, suivant l'usage de sa nation, un ménage polygame, et manifesta toujours une horreur sincère pour l'homosexualité, qu'il voyait pratiquer autour de lui par les idolâtres. Selon lui, c'est une obligation, pour le Musulman, d'engendrer.
Cependant, en Orient, le tabou de fornication est resté purement formel : « Dès le règne d'Haroun-er-Rachid (786-809), les conteurs arabes se régalent des frasques féminines des Ghilmans ou Mignons ; des poètes libertins, comme Abou Nwas, leur consacrent des poèmes d'amour », écrit Jacques C. Rider dans « La Civilisation Arabe » (Payot). Fréquemment des vers font allusion à des mignons musulmans, chrétiens ou juifs : « La sodomie », dit Henri Pérès, à propos de l'Espagne musulmane, « s'observe dans les cours des Reyes de Taifas ; qu'il suffise de signaler les amours d'Al-Mutamid pour Ibn Ammâr et pour son page Saï f, d'Al-Muttawakkil pour un éphèbe dont un bouffon du nom d'Al-Hattâra s'éprend sous l'effet de la boisson, de Rafî-ad-Dawla pour un mignon dont nous ne connaissons pas le nom, d'Al-Mutamin de Saragosse pour un de ses pages chrétiens » (La Poésie Andalouse en Arabe classique au XIe siècle, éd. Maisonneuve).
Les Arcadiens qui ont entendu la conférence de Marc Daniel « Fleurs des Jardins d'Orient » et la déclamation de textes inédits dont elle fut accompagnée, ont pu constater que l'interdiction de l'homosexualité a eu à peu près autant d'effet dans les pays musulmans que l'interdiction de l'usure dans les pays catholiques !
En 1822, à Constantinople, à l'occasion de certaines fêtes, on voyait des défilés où figuraient des prostitués mâles parmi les corps constitués...
Les raisons de cette indulgence à l'égard du péché de Zinâ sont multiples : elles tiennent au peuple arabe, à ses usages, et aussi, en dépit de son apparente sévérité, à la Loi musulmane elle-même.
Je suis persuadé que la principale de ces raisons est l'extraordinaire gentillesse, l'admirable tolérance du peuple arabe, ce peuple qu'on ne peut connaître sans l'aimer. Nul mieux que lui n'a respecté la décisive parole divine : « Ne faites point de violence aux hommes à cause de leur foi » (Koran, II, 257). L'entraide fraternelle, le respect des parents, l'hospitalité, la générosité, la tempérance sont des vertus que le Musulman pratique largement. Il ignore toute distinction raciale : les traditions musulmanes (Hadiths) proclament qu' « un Arabe n'est supérieur à un étranger, ou un blanc à un noir, que par la piété », Dieu ayant envoyé sa Rahma, sa bonté, à toutes les races, « aux rouges et aux noirs » (cité par Emile Dermenghem. Mahomet et la tradition Islamique, éd. du Seuil). L'aumône est un des Piliers de la Foi. Sur les champs de bataille, la fraternité héroïque est de règle
« Qu'est-ce qu'un amour qui laisse les yeux secs ?
Qu'est-ce qu'une passion qui ne donne point d'extase ?
Maltraite-moi de toutes les façons que tu voudras, mais ne t'éloigne pas.
Ton ami sera heureux de ce qui te contente... »
Ibn Al-Laridh
in Les plus beaux textes arabes, éd. de la Colombe
En terre d'Islam, la condition des esclaves a été relativement douce par rapport à ce qu'elle fut à Rome ou dans l'Amérique du Nord très chrétienne. Si le commerce des eunuques, en tant qu'esclaves, n'avait rien de répréhensible, la fabrication de ceux-ci était un crime auquel les Musulmans ne se sont jamais livrés eux-mêmes : la «manufacture d'eunuques» du Moyen Age, comme l'a rappelé Roditi, était l'évêché de Verdun. Quand, en 1850, l'esclavage fut aboli en Tunisie, il s'étalait aux portes de New-York, dans le Maryland catholique et dans le Sud protestant.
Dans la zone géographique où s'est répandu l'Islam, autour du trentième parallèle, l'homosexualité fut toujours pratiquée, avant comme après Mohammed.
La séparation des sexes, habituelle en Orient, la réclusion des femmes, la beauté des hommes, la douceur du climat, la favorisèrent peut-être. Les hammams aussi, vraisemblablement. En prescrivant les ablutions, le Prophète avait donné l'essor à ceux-ci. Au XIe siècle, à Byzance, ville chrétienne, pour une population de trois millions d'habitants, on comptait soixante mille hammams. Cordoue, au temps d'Al-Mansour, avait sept cents hammams pour un demi-million d'habitants. Ces hammams étaient alors des lieux de plaisir et de luxe. Les beaux corps s'y dévoilaient sans fausse honte :
« Les bonnes manières s'y perdent, comme des lampes qui ne trouveraient pas de débit quand paraît le visage de l'aurore », déplore le qâdî de Zuhair, Abu-Hasan Muhtâr ar-Ruaini.
La Loi musulmane, nous l'avons vu, ne dit pas, comme d'Holbach : « Dès que le vice le rend heureux, l'homme doit aimer le vice. » Elle n'offre rien, non plus, de comparable au « Ghotul » des Muria de l'Inde — ce dortoir mixte où les jeunes vivent jusqu'au mariage sans refoulement, ni notion du péché, ignorant tous les tabous sexuels (voir Maisons des Jeunes chez les Muria, par Verrier Elwin, éd. N.R.F.). Cependant l'homosexualité est située dans les pays musulmans dans un contexte différent des pays chrétiens.
Contrairement à l'éthique chrétienne, l'Islam se montre favorable à la satisfaction de l'instinct sexuel dans la race humaine. Il ne prescrit pas la chasteté. Jamais il ne s'est enorgueilli de ses ascètes. Il pense que la jouissance charnelle fait pressentir le Paradis — un Paradis d'où, comme dans le Paradis des Mormons, les joies de la chair ne sont pas exclues. Le Croyant y sera accueilli par des houris aux beaux yeux noirs, au teint blanc comme l'éclat des perles. Elles seront vierges, et le commerce des hommes ne leur fera point perdre cet avantage ; elles n'enfanteront point et seront exemptes des besoins qu'on éprouve sur la terre, excepté celui d'aimer. Il est même question de beaux jeunes gens ; mais ceux-ci se contentent de servir des boissons qui n'enivrent pas. L'usage sera conservé en Orient où, dans les parties de plaisir, surtout la nuit, c'est un échanson (sâqî) qui remplit les coupes et les présente aux convives. Les poètes, comme l'a rappelé Marc Daniel, célèbrent inlassablement l'éclat du vin dans la coupe en même temps que la beauté de l'échanson :
« Qu'il est beau l'échanson, chante Al-Mutamid, qui, de sa taille mince, avec des regards pleins d'agaceries, s'est levé pour verser le vin... »
Il n'est pas question, bien entendu, de tels regards dans le Koran sublime...
Toutefois certains Docteurs déclarent que la masturbation est licite : « Quelle importance cela a-t-il ? Nous en usions aux cours de nos expéditions », dit Al-Alâ Ben Ziyâd. « Il ne s'agit que de ton eau : lâche-la donc! » (Al-Hasan Al-Bacrî). « Les ancêtres l'enseignaient aux jeunes gens en vue de les garder de la fornication » (Mujahid) [textes cités par Bousquet].
L'Islam répudie toute exagération, toute frénésie d'ascétisme. Le Koran n'exige de personne plus qu'il ne peut exécuter : e Les parents (par exemple) ne seront pas contraints de faire pour leurs enfants plus qu'ils ne peuvent, ou les tuteurs polir leurs pupilles » (Sourate II, v. 233). Le mari peut adopter avec ses épouses toutes les postures qu'il juge bonnes, en vertu du verset 223 de la même Sourate : « Vos femmes sont votre champ. Cultivez-le toutes les fois qu'il vous plaira. »
La Loi musulmane admet, au moins sous la forme du « coïtus interruptus », la légitimité de la restriction volontaire des naissances – alors que la plupart des autres religions continuent à condamner les pratiques anti-conceptionnelles, sans tenir compte du changement intervenu dans les conditions de l'équilibre démographique.
Essentiellement favorable à la satisfaction des appétits mâles, le système musulman admet dans le mariage le coït avec l'impubère : il évite ainsi l'abus du Droit Canon fixant à douze ans la puberté des filles.
En revanche, seul le Musulman pubère et sain d'esprit (le Moukallaf) est assujetti à l'observation des règles de la religion. Les enfants musulmans qui meurent vont directement au Paradis : l'Islam n'admet pas la théorie du péché originel, et les enfants ne peuvent commettre de péché, même en se livrant à l'homosexualité.
Allâh se réserve de punir dans l'Au-Delà, comme il Lui convient, l'homosexualité du Moukallaf, mais en ce bas monde tout est mis en œuvre pour que l'acte homosexuel ne puisse être ni prouvé, ni sanctionné. « Pour la fornication (Zinâ), Allâh exige en effet quatre témoins, mâles, libres, pubères, sains d'esprit, et légalement dignes de confiance.» Ces quatre témoins doivent attester « qu'ils ont vu le membre du fornicateur comme le style dans le pot à colyre » (cité par Bousquet).
Si le coït humain durait quatre semaines, comme celui de la grenouille, ou même sept heures, comme celui de l'araignée, la preuve légale du crime de Zinâ aurait quelque chance de pouvoir être apportée. Celui de l'homme n'a pas cette durée...
Ajoutons que l'accusateur et les quatre témoins ont tout intérêt à être prudents, car l'accusation de Zinâ ayant été lancée, c'est eux qui recevront 79 coups de fouet s'ils échouent à en apporter la preuve !
Aux yeux de la Loi musulmane le scandale causé par la divulgation des faits qui touchent au tabou sexuel est un mal infiniment plus grave que l'infraction elle-même.
Après l'infraction, le Croyant se trouve en état d'impureté majeure. Pour l'effacer, nombre de religions utilisent des processus fort compliqués. En Islam, les choses se passent simplement. Point de confession : l'Islam est une religion sans prêtres ! On a recours, pour se purifier, comme faisait, dans le Jourdain, au temps de Jésus, Ame de Dieu, Jean Baptiste, le Précurseur, à un lavage non interrompu du corps entier, y compris les cheveux et les poils, en formulant l'intention de se purifier.
Par ailleurs, en faisant le bien, le pécheur peut conquérir des mérites dans l'Au-Delà : « J'effacerai les péchés de ceux qui auront été chassés de leurs maisons, qui auront souffert, combattu et seront morts pour défendre ma cause », dit le Koran incréé. « Je les introduirai dans les jardins où coulent des fleuves » (III, 194).
On peut chercher si – malgré la pluie vengeresse, formée de pierres cuites dans les brasiers de l'enfer, qui fit périr les habitants de Sodome – la théologie musulmane ne justifie pas la tolérance de fait à l'égard de l'homosexualité pratiquée dans le Dar el-Islam.
Comme le fera plus tard Descartes, l'Islam, par respect pour la Transcendance de Dieu, déclare que les essences par où se définit la vérité et la bonté des choses sont elles-mêmes des choses et, par conséquent, ont dû elles-mêmes être créées par Allah. La volonté d'Allah n'a été déterminée par aucune règle de bonté ou de vérité, puisque toute bonté et toute vérité ont en elle leur source. « C'est parler de Dieu comme d'un Jupiter ou d'un Saturne, c'est l'assujettir au Styx et aux destinées », écrit de même Descartes à Mersenne (15 avril 1630), que de se le figurer astreint à quelque loi que ce soit, d'ordre logique ou d'ordre moral. La sodomie est condamnable parce que Dieu l'a défendue. Elle ne serait pas un mal si la Loi divine ne l'avait pas définie telle. Comme le dit G.-H. Bousquet : « Allah n'a pas à faire connaître les raisons de Ses décisions, et Sa créature doit les adorer comme des mystères inaccessibles à la raison » (La Morale de l'Islam et son éthique sexuelle, éd. Maisonneuve). Voilà qui nous préserve de l'erreur que saint Thomas commettra, et tant de chrétiens après lui : chercher une justification aux motifs de Dieu et prétendre qu'Il condamne la sodomie parce qu'elle n'est pas « normale ».
La thèse islamo-cartésienne ne débarrasse pas seulement la théologie d'un faux finalisme biologique, elle semble aussi, logiquement, arracher l'homosexuel aux juges terrestres (dont le Prophète disait que, sur trois, deux au moins étaient bons pour l'enfer) et le laisser seul, face à face avec Dieu.
Toutefois les théologiens protestants ont admis l'absolue indifférence de la volonté de Dieu sans se montrer, envers les homosexuels, plus tolérants que saint Thomas : la volonté de Dieu, écrit Calvin, est « tellement la règle de toute justice que tout ce qu'Il veut il le faut tenir pour juste d'autant qu'Il le veut ». Cette proposition est-elle soutenable ? Peut-on, à la fois, admettre que les décrets divins sont réputés justes uniquement parce qu'ils sont l'expression de la Puissance Souveraine, et préférer à la douceur musulmane la rigueur puritaine ? Je crois que la logique est ici du côté de l'Islam.
Le Dieu des théologiens réformateurs n'est peut-être pas tout à fait « un Jupiter ou un Saturne », puisque sa volonté n'est déterminée par rien. Sa Transcendance n'en est pas pour autant respectée : en dressant la liste des péchés mortels, ils font de Dieu un Président de Cour d'Assises qui doit se conformer à un règlement dont les articles sont aussi nombreux que variés. N'est-ce pas une autre façon de l'assujettir « au Styx et aux destinées ? ». Conçue en Orient, l'idée de la Transcendance de Dieu s'obscurcit vite en Occident.
Cependant, comme l'écrit Benoist-Méchin, « cinq fois par jour, à travers le monde, près- de quatre cents millions d'hommes se prosternent. Le front tourné vers la Mecque, ils forment un cercle immense, une fleur dont chaque pétale serait un être vivant» (Un Printemps arabe). Pour eux, le seul péché irrémédiablement puni clé l'enfer éternel est le « Koufr », le refus obstiné de la Foi dans le Dieu unique et en la mission de son Envoyé. Etre Musulman c'est, étymologiquement, être soumis à Dieu : c'est par conséquent condamner irrémédiablement le « Koufr ». C'est ce que les Croyants font quand à l'appel des muezzins ils se penchent vers la terre, proclamant par ce seul geste « qu'il n'y a de Dieu que Dieu, et que Mohammed est son Prophète ».
Le pécheur qui demeure croyant finira par goûter les joies du Paradis : « Un grand pécheur croyant ne sera condamné qu'à un enfer temporel, non éternel. L'enfer éternel est réservé à l'infidèle. C'est la foi qui sauve, la foi seule » (Louis Gardet et M. M. Anawati, Introduction à la Théologie musulmane, éd. Vrin).
« Qu'il redoute, certes, le terrible châtiment annoncé », dit Louis Gardet dans un autre ouvrage. « Il sera châtié d'abord dans le tombeau, puis en enfer après la résurrection. Mais son séjour dans l'enfer éternel ne sera que transitoire » (Connaître l'Islam, éd. Fayard).
Al-Asharî demande de n'accuser de « Koufr » aucun de ceux qui commettent le péché de Zinâ. Mais si, ce faisant, le pécheur estime que son acte est religieusement licite, il se rend alors coupable de « Koufr » : ce qui fait l'impiété ce n'est pas tant l'acte lui-même que l'attitude de révolte envers la Loi divine.
Le Musulman, malgré ses faiblesses, « paraît en quelque sorte en état de grâce » (Bousquet). Il appartient à la communauté élue par Allah en raison de sa croyance, « fleur étrange, étalée sur plusieurs continents, effeuillée chaque nuit, mais se recomposant chaque matin à l'appel des muezzins, fleur dont chaque pétale est relié aux autres par les liens de la prière, et dont la Kaaba serait le pistil compact et noir » (Benoist-Méchin). Si Allah le veut, Il sera miséricordieux pour l'être fragile, « composé de boue et de sang », qui lui offre sa foi exclusive.
« Face à ce don total offert en témoignage à la Transcendance divine, les actes "bons" ou "mauvais", commandés ou interdits, s'estompent, se relativisent, enveloppés qu'ils sont dans la bienveillance apitoyée du Très-Haut... » (Louis Gardet : Connaître l'Islam).
Ainsi, dans le Dar el-Islam, la sodomie, tout en restant une faute religieuse très grave, n'enferme pas le pécheur dans ce que Hesnard appelle « l'univers morbide de la faute ».
La tolérance de fait dont elle a toujours bénéficié tient à la gentillesse des nations musulmanes, à la répudiation de l'ascétisme par l'Islam, aux quatre témoins exigés par Allah pour établir la faute de Zinâ. Espérons que les Etats arabes libérés continueront à faire preuve de la même sagesse et ne copieront pas le puritanisme de leurs colonisateurs.
Quant au Croyant homosexuel, le sentiment que l'impossible n'est pas exigé de lui, qu'il est aimé d'Allah en raison de son appartenance à la communauté musulmane, qu'il s'est purifié de sa faute selon le rite deux fois millénaire, qu'il peut la racheter en faisant le bien, la confiance devant l'insondable mystère de la volonté d'Allah, la certitude que c'est la foi seule qui sauve – autant de raisons qui font que, pour lui, l'Islam n'ouvre pas le Ciel comme un abîme.
Au jour du Jugement, le pécheur qui a enfreint les tabous sexuels s'en remet au Dieu Clément et Miséricordieux, qui peut lui infliger un châtiment terrible, mais que peut aussi peut lui infliger un châtiment terrible, mais qui peut aussi Inch' Allah ! (Si Dieu le veut).
Arcadie n°118, Serge Talbot (Paul Hillairet), octobre 1963
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