Nativité, Maurice Denis
Une famille est installée au rez-de-chaussée d'une maison. La femme vient d'accoucher. Elle est encore allongée sur un lit de paille près de son fils. Un âne et un bœuf veille derrière eux.
Il s'agit d'une nativité malgré des éléments qui indiquent plus la banlieue d'une ville occidentale – aujourd'hui – que le village de Bethléem d'il y a 2000 ans : murs de briques, plaid qui couvre Marie, vêtements des habitants à la fenêtre…
Certes la lumière qui éclaire l'enfant et sa mère – dans l'évocation d'un nimbe classique – ne peut venir seulement de la lanterne. Le peintre n'a pas oublié les références aux Écritures : l'étoile, les moutons dans une position de quasi prière et les humbles bergers sont là.
Pourtant cette naissance évoque celle de n'importe quel enfant pauvre dans le monde d'aujourd'hui (de l'aujourd'hui du peintre, pour être plus exact).
Maurice Denis n'a pas oublié les références picturales de la Renaissance : le rouge autour de l'oreiller rappelle la future Passion du Christ ; le mur en ruine (à droite) remémore la fin du monde ancien.
Maurice Denis – Nativité – 1894
Huile sur toile, 95cm x 89cm, Musée des Augustins, Toulouse
En arrière plan, la ville encore endormie n'a pas encore connaissance de la rédemption qui vient.
Maurice Denis a réussi à peindre une insaisissable présence de l'Esprit.