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Picasso Poète en peinture

Publié le par Jean-Yves Alt

Dans l'œuvre de Picasso, il y a peu de tableaux qui ne semblent venir de quelque chose qu'il a vu vraiment ; souvent ses distorsions, loin d'être la déformation d'une chose réelle qui n'est pas difforme, sont les transformations que nous voyons dans les objets réels, expériences visuelles que nous avons tendance à éliminer de notre regard habituel parce que nous ne remarquons les objets qui sont devant nos yeux que d'une façon familière et utile.

Par exemple, les deux yeux apparaissant d'un seul côté du visage, ou un œil immédiatement au-dessus de l'autre, ou deux figures se fondant en une – et bien d'autres déformations apparentes de ce genre – ces images sont ce que nous voyons réellement lorsqu'un visage se presse très près du nôtre et que notre vue se trouve rejetée hors du foyer visuel.

Les portraits de femme de Picasso les plus déformés ont souvent une étrange tendresse suggérée par une déformation qui est le développement d'une intime expérience visuelle.

Beaucoup de critiques ont dit que Picasso était un poète en peinture. C'est vrai. Toutefois Picasso ne fait pas ce que font beaucoup de poètes en peinture : peindre des tableaux qui sont des images poétiques généralisées. Ses tableaux appartiennent au moment où l'expérience est en train de se transformer en poème.

Pablo Picasso – Le fumeur – 1969

Musée Picasso, Paris

C'est pourquoi ces tableaux ont la qualité immédiate d'une exclamation, d'une parole prononcée, d'un fragment de calligraphie, d'une protestation ou d'une acceptation.

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