Les plaisirs à Rome, Jean-Noël Robert
Que le lecteur ne s'égare pas : il ne s'agit nullement d'un livre léger et troublant, mais d'un travail scientifique mené par un spécialiste de la Rome antique. Ouvrage austère, mais grand public tout de même : les parties sont courtes et très structurées, la langue usuelle... ce qui permet à tout un chacun de mieux découvrir l'ancienne civilisation, où la nôtre plonge ses racines, sous un angle rarement abordé dans les classes secondaires ou en cours de latin.
Laissant aux esclaves les travaux ordinaires, les Romains oisifs créèrent un art de vivre qui leur donnait l'illusion du bonheur et le moyen de conjurer l'angoisse du néant et de la mort. L'on sent un a priori moraliste chez l'auteur, qui devient flagrant dans le passage sur l'homosexualité. L'auteur y consacre seulement quelques pages, alors même qu'il concède que ces mœurs étaient courantes. Le ton employé est très moral : « La pratique n'en fit qu'empirer... » « Ce genre de plaisir charnel... », « débauche... ».
Il eût peut-être été préférable d'étudier les plaisirs à Rome en tentant de se dégager d'une culture chrétienne, pour essayer de mieux comprendre la mentalité de cette époque reculée. Remarque justifiée à bien d'autres égards. S'il y avait sous la Rome impériale quelques penseurs qui fustigeaient le plaisir des sens, d'autres le glorifièrent.
■ Les plaisirs à Rome, Jean-Noël Robert, Editions Belles Lettres, 2005, ISBN : 2251338195