Sir Lawrence Alma-Tadema par Russel Ash
Fantasque, fou, délirant... ou homme d'affaires malicieux, qui était Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), peintre kitsch de l'époque victorienne ?
Sous couvert de séduire et de flatter les riches bourgeois et aristocrates du temps, il peignit des « Romains » dénudés – dans la tradition sacralisée d'une légende adaptée – qui se devaient de ressembler aux rêves fastueux d'une société brimée et perverse, assoiffée de sexe.
L'album de Russel Ash rassemble les œuvres significatives de ce curieux Anglais (Hollandais d'origine) qui devint richissime grâce à sa peinture. Son succès ? Une mythologie fantasque et allusive que cautionnait une rigueur tout académique. Mers-piscines hollywoodiennes avant la lettre, marbres façon pâtisserie, dames orientales aux cheveux permanentés surchargés de fleurs, jeunes hommes aux mollets fermes sous une courte toge revue par la censure, jardins et terrasses alanguis sous des rosiers de salon, l'univers de Alma-Tadema est un miracle de sous-entendus.
Toutes les occasions sont bonnes, dans cette société victorienne hypocrite et secouée de plaisirs défendus, pour montrer de jeunes et beaux visages, de tendres corps excitants, et suggérer des relations amoureuses insolites, sous le majestueux prétexte du « beau » et d'un orientalisme convenu.
Lawrence Alma-Tadema – Moïse sauvé des eaux – 1904
Pour preuve, ce fameux « Moise sauvé des eaux », où une cohorte de jeunes bonzes musclés envahit toute la scène. Ils sont dorés à souhait, appétissants, sexy en diable, le crâne rasé à damner nos contemporains.
■ Sir Lawrence Alma-Tadema par Russel Ash, traduit par Agnès de Gorter, Editions Mengès, 1996, ISBN : 2856203140