Tempo di Roma, Alexis Curvers
Jimmy est un jeune esthète autodidacte venu du Nord, prétendument cicérone, en tout cas sans le sou, à qui son adorable culot, mais aussi sa beauté, sa candeur et surtout son amour de Rome ouvrent toutes les portes.
Ainsi, dans une ville éternelle à peine remise des affres du fascisme et de la guerre, le verra-t-on, d'aventures en mésaventures, s'acoquiner à des nobles décavés et des ecclésiastiques en rupture de ban comme aux mauvais garçons ou aux pires matrones du cru.
Lyrique et sordide, affublant d'airs de fête les plaies et tares sociales les plus tristes, l'énorme fresque de Curvers, avec ses allures de mascarade endiablée – à la Fellini – est une véritable leçon de vie.
Ce n'est pas sans rappeler les grands déclins décrits par les meilleurs auteurs comme Pétrone, ou, plus près de nous, Proust, Visconti ou Yourcenar avec ses « Mémoires d'Hadrien » : ici comme chez eux, la méditation crépusculaire sur l'Histoire, le Temps, l'Art et la Beauté s'accompagnent, en contrepoint, du thème de l'amour impossible, celui déchirant de Sir Craven pour Jimmy, qui rappellera à plus d'un « La confusion des sentiments » de Zweig.
Ce roman avait en 1957 connu un succès retentissant.
■ Tempo di Roma, Alexis Curvers, Editions Espace Nord, 505 pages, 2012, ISBN : 978-2930646398