Les grenouilles de Transylvanie, Richard Sennett
Non, il ne s'agit pas d'un inédit de Jean Rostand ni même d'une étude spectaculaire de Konrad Lorenz mais d'un roman curieux, drôle et grave à la fois, sur Tibor Grau, un juif hongrois né en 1893, penseur et théoricien marxiste.
Ce livre serait d'une austérité mortelle si ne s'ajoutait pas toute une machination délirante faite de morceaux de journaux intimes, de lettres, de fiches et autres rapports de police que l'on se surprend à dévorer avec appétit.
Ce brave Tibor n'est pas un saint mais sa vie professionnelle est aussi ambiguë que l'est sa propre intimité.
Dragueur et homosexuel torturé qui passe ses nuits dans un parc municipal, Tibor Grau – sous le couvert de l'histoire métaphorique des gentilles grenouilles de Transylvanie – aurait pu être un héros de Vladimir Volkoff.
■ Les grenouilles de Transylvanie, Richard Sennett, traduit de l'Américain par Philippe Mikriammos, Editions Fayard, 240 pages, 1984, ISBN : 9782213013480
Quatrième de couverture (extrait) : A travers ce portrait d'un personnage complexe chez qui grandeur et imposture, idéal et compromis se superposent plus qu'ils ne s'opposent, Richard Sennett réinvente un temps de révolution et de réaction en Europe centrale, les années de la Seconde Guerre mondiale et du stalinisme, avec une maestria, un sens de l'orchestration dignes du musicien professionnel qu'il fut avant de devenir sociologue et romancier.