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Mon regard sur un Sébastien « politique » par Enrique Ribo

Publié le par Jean-Yves Alt

J'ai retrouvé ce Sébastien dans mes archives.

Comme devant d'autres reproductions, l'opposition entre blanc et noir qui veut traduire des chromatismes que j'imagine superbe me déçoit. Cette grisaille sur grisaille, misérable, bien plus opaque que le jeu précis d'obscurité et de lumière que montrent les vraies photographies m'irrite. Mais ce Sébastien a quelque chose d'autre qui me le fait retenir.

Sébastien n'est pas attaché – comme le raconte la légende – à un arbre. Son bras gauche est lié à un joug. Cette pièce de bois qui sert à atteler les bœufs a été, je le soupçonne, délibérément choisie par le peintre. Attacher à un joug parce qu'il a trop voulu s'en déprendre ?

La mort n'est pas encore arrivée : ce Sébastien me regarde les yeux ouverts et avec une bouche esquissant – à peine – un sourire. Il est sûr de lui et sans douleur. Plus, il donne à voir une vie résolue qui demeure – quels que soient les événements – inébranlable.

Les flèches sur son corps sont là comme pour légender un message qui reste encore obscur pour moi. Visiblement, elles ne le touchent pas : comme si une paroi de verre l'avait isolé.

Au fond, des cathédrales s'écroulent. Comme si l'Église elle-même avait tremblé à la vue de ce condamné.

Les flèches barreaux qui montent semblent saigner dans un ciel que j'aime à penser de couleur or.

Seule la colombe de la paix est atteinte.

A l'évidence, ce Sébastien n'est pas celui de la tradition chrétienne : il n'est qu'une image métaphorique pour magnifier…

Salvador Puig Antich en Saint Sébastien par Enrique Ribo

Huile sur toile


Le 2 mars 1974, Salvador Puig Antich (1948-1974), jeune militant appartenant au Mouvement Ibérique de Libération (MIL), devenait le dernier détenu politique exécuté en Espagne selon le procédé du « garrot vil » : il avait 26 ans.

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