Mon regard sur des enluminures avec saint Sébastien
Au-delà d'une certaine naïveté dans le traitement graphique de ces enluminures, il y a dans les regards, de ces Sébastien comme dans ceux des archers, une dimension profondément humaine.
Dans ces deux enluminures, les deux bourreaux semblent soucieux. Par rapport à leur besogne, ils sont en suspens. Un doute les a envahis.
● Prennent-ils conscience de l'iniquité de la peine qu'ils viennent d'appliquer ?
● Ou veulent-ils seulement s'assurer du talent qu'ils ont mis dans leur ouvrage ? Le condamné, transformé, dans les deux enluminures, en hérisson (1), signe, il est vrai, une exécution irréprochable.
Enluminure sur parchemin tirée des Heures à l'usage de Rome, 1533
Avignon, Bibliothèque municipale
Enluminure sur parchemin tirée des Heures à l'usage de Rome, fin du XVe siècle
Angers, Bibliothèque municipale
La perplexité du bourreau fait face à la défiance des Sébastien : l'un offre un sourire incisif tandis que l'autre montre un regard tourné vers une intériorité inaccessible au soldat.
Des miniatures éloquentes !
(1) Le terme de hérisson a été employé par Jacques de Voragine dans La Légende Dorée [XIIIe siècle]