Les petites morts, Philippe Mezescaze
Le roman s'ouvre sur un moment de la vie d'un jeune homme, Antoine, qui séjourne au bord de la mer du Nord. Il écrit, c'est la raison de sa présence dans un petit hôtel de la côte. L'air marin semble lui être nécessaire, besoin de se purifier, peut-être de son passé. Antoine écrit l'histoire d'un garçon. Il le désigne ainsi, c'est le garçon< : le lecteur ne lui connaîtra pas de nom ni de prénom.
A sa première apparition, le garçon est en fuite, il semble vouloir gagner l'Italie, il se trouve à la Gare de Lyon. Là, il rencontre par hasard un homme, écrivain, esthète, la quarantaine, qui regagne Nice où il occupe une folie dans un jardin qui jouxte celui du Négresco, un lieu encombré d'objets de collection, de meubles extravagants ayant appartenu aux frères Goncourt.
Séduit par le garçon, l'homme, Hœdic, lui propose de l'héberger. Le garçon accepte. Hœdic et le garçon auront une liaison voulue par Hœdic et vécue comme allant de soi par le garçon. Lorsqu'ils feront l'amour pour la première fois, le garçon, ivre, s'acquittera ainsi du droit de rester. Hœdic souhaitant intégrer le garçon dans sa vie le présentera à une de ses amies, une femme opiomane qui verra une ressemblance entre le garçon et son fils défunt.
Dès lors, le récit va s'enrouler autour de son axe, le garçon. Les deux adultes penseront s'attacher le garçon ; Hœdic par les sens et le luxe, la femme par l'opium, mais les liens céderont ; le garçon voudra conserver sa liberté. Il n'acceptera pas que Hœdic s'érige en éducateur, en père adoptif. C'est à nouveau la fuite.
Pour subsister, le garçon aura recours à la prostitution, au chantage, au vol, puis au meurtre.
Le garçon souhaite conserver sa liberté même si ses projets sont dérisoires. Après tout, les projets des autres ne sont pas plus fondés, malgré le sérieux qu'ils mettent dans leur réalisation.
La seule réalité chargée de sens est le récit de cette vie du garçon par Antoine.
■ Les petites morts, Philippe Mezescaze, éditions Arléa, 1989, ISBN : 2869590547