Saint Sébastien par Jacques de Voragine
Sébastien, Sebastianus, vient de sequens, suivant, beatitudo, béatitude ; astin, ville, et ana, au-dessus ; ce qui veut dire qu'il a suivi la béatitude de la cité suprême et de la gloire d'en haut.
Il la posséda et l'acquit au prix de cinq deniers, selon saint Augustin, avec la pauvreté, le royaume ; avec la douleur, la joie ; avec le travail, le repos ; avec l'ignominie, la gloire et avec la mort, la vie. Sébastien viendrait encore de basto, selle. Le soldat, c'est le Christ ; le cheval, l'Eglise, et la selle, Sébastien ; au moyen de laquelle Sébastien combattit dans l'Eglise et obtint de surpasser beaucoup de martyrs. Ou bien Sébastien signifie entouré, ou allant autour : entouré, il le fut de flèches comme un hérisson ; allant autour, parce qu'il allait trouver tous les martyrs et les réconfortait.
Martyre de Saint-Sébastien – Chapelle de Roubion (Alpes Maritimes) – fresque du XVe
Sébastien était un parfait chrétien, originaire de Narbonne et citoyen de Milan. Il fut tellement chéri des empereurs Dioclétien et Maximien qu'ils lui donnèrent le commandement de la première cohorte et voulurent l'avoir constamment auprès d'eux. […]
Le préfet de la ville de Rome, Chromace, très malade lui-même, pria Tranquillin de lui amener celui qui lui avait rendu la santé. Le prêtre Polycarpe et Sébastien vinrent donc chez lui et il les pria de le guérir aussi. Sébastien lui dit de renoncer d'abord à ses idoles [...] ; qu'à ces conditions, il recouvrerait la santé. […] Polycarpe et Sébastien, ainsi autorisés, détruisirent plus de deux cents idoles. […] Et comme on brisait tout, un ange apparut au préfet et lui déclara que J.-C. lui rendait la santé ; à l'instant il fut guéri […]
[L'empereur Dioclétien manda Sébastien] et lui dit : « J'ai toujours voulu que tu occupasses le premier rang parmi les officiers de mon palais, or tu as agi en secret contre mes intérêts, et tu insultes aux dieux. » Sébastien lui répondit : « C'est dans ton intérêt que toujours j'ai honoré J.-C. et c'est pour la conservation de l'empire romain que toujours j'ai adoré le Dieu qui est dans le ciel. »
Giovanni Canavesio – Martyre de Saint-Sébastien – XVe
Chapelle de Saint Etienne de Tinée (Alpes Maritimes)
Alors Dioclétien le fit lier au milieu d'une plaine et ordonna aux archers qu'on le perçât à coups de flèches. Il en fut tellement couvert, qu'il paraissait être comme un hérisson ; quand on le crut mort, on se retira. […]
Jacques de Voragine
■ in La Légende Dorée [volume 1], Editions GF-Flammarion, 1990, ISBN : 2080701320, pages 135-140