La Maison Russie, un film de Fred Schepisi (1990)
Un Sean Connery en apprenti James Bond sur le retour, pris dans la toile d'araignée des suspicions méandreuses sur fond de glasnost glauque.
La Maison Russsie, signé Fred Schepisi, tortueux, compliqué à souhait, est le cheminement d'une traîtrise. Le londonien Barley Blair (Sean Connery), saxophoniste, éditeur, éthylique et célibataire, s'apprête à publier le document d'un russe se faisant appeler Dante, présumé génial (Klaus Maria Brandauer). Mais le brûlot est peut-être manipulé. Par qui ?
Jusqu'au bout, le film verrouille ses énigmes. Et le spectateur de cogiter pour débrouiller cette intrigue volontairement opaque, où il semble bien que la seule certitude soit celle de l'amour clandestin que voue l'anti-héros à l'intermédiaire, Katya Orlova (Michèle Pfeiffer), qui a transmis le manuscrit… au point de choisir la trahison pour sa sauvegarde.
Dans les chausse-trapes, les coulisses, les double fonds et les trompe-l'oeil de ce labyrinthe, le diaogue fait écho à des séquences rompues, dans un incessant contrepoint de situations parallèles où l'humour, efficace, sobre, sert de liant. Dommage que La Maison Russie se boucle par une scène finale un peu convenue.
Quant au reste, cette divine comédie sophistiquée rappelle opportunément qu'en anglais le mot straight désigne tout ensemble la rectitude morale et la normalité sexuelle. Sean Connery, dans le film, est-il straight ou pas ? C'est la question que se posent tellement les services d'espionnage qu'ils en viennent carrément à l'interroger là-dessus :
« Avez-vous eu des rapports homosexuels ? » Barley Blair répond sans se démonter :
« Le classique paluchage entre ados... »