Vincennes-Neuilly, un film de Pierre Dupouey (1991)
Jérôme (Philippe Etesse), le «héros», gigolo domine incestueusement sa sœur (ou présumée telle), Sophie (Anne Kessler) pour manipuler sans scrupule les nantis.
Ces Bonny and Clyde de salon ne cambriolent que les bonnes maisons. Neuilly aimante Vincennes : les deux escrocs jouent donc les pique-assiettes chez les bourgeois. Lui michetonnera le père banquier, elle nourrira l'affection de la fille. Plus tard, elle sera chargée de séduire le fils d'une veuve paralytique énormément fortunée, pour laquelle Jérôme plaquera son banquier, avant de l'entourlouper à son tour...
Ce qui me laisse perplexe dans cette histoire pas vraiment sereine, c'est que l'homosexualité n'est qu'un masque (la double-vie du banquier) ou une effronterie strictement pragmatique (les volte-face de Jérôme) ; c'est aussi le désert moral des protagonistes. Les codes n'y sont pas transgressés : ils ne sont qu'ostensiblement souillés.
Sexe et argent sont les deux mamelles de ce microcosme déprimant. Le cynisme du film n'est pas seulement celui des héros ; il tient plus profondément à cette vision extraordinairement étriquée du monde. Pas un atome de sympathie n'émane de ces créatures à l'affect robotisé.
Je suis épouvanté par ces liaisons dangereuses, transposées au seul degré du matérialisme, où les mots n'ont plus aucune magie, où les situations ne sont marquées que par la trivialité d'un réel sans grâce.
Vincennes-Neuilly semble n'avoir pas d'âme : juste du ressentiment.