Les noces de la lune rouge, Daniel Depland
Dans Les Noces de la lune rouge, le narrateur apprend que sa mère a un cancer, et sa vie va basculer. Tandis que la maladie, inéluctable, creuse son raidillon pour atteindre le gouffre ultime, il regarde avec des yeux neufs celle qui est tout pour lui.
Coquette, élégante, elle était femme avant tout, y compris pour ce fils chéri qu'elle couve avec des sourires de maîtresse comblée, qu'elle gourmande en épouse indulgente, qu'elle foudroie en femme trahie.
« Ta délicatesse m'agresse en me restituant le frisson de mes dix-sept ans. Sans le savoir, un jour d'avril, tu m'as offert mes premières émotions d'homme sur un chemin perdu de Haute Provence. Je ne cesse de les redécouvrir à ton contact. »
Commence un calvaire enduré à deux, secrètement tu et douloureusement partagé : hôpital, médecins qui louvoient, opération, fatigue de la maladie qui joue l'insouciance.
Puis le cancer grossit, se propage, attaque des organes qu'on croyait à l'abri. Séances de radiothérapie, espoirs, douleurs cachées, lutte sans merci et retombées exténuées. Tout l'appareil médical et le décor dit de longue maladie sont là, entre ce fils et cette mère qui rusent contre eux-mêmes et contre la mort. Arrive toujours le moment où mentir n'est plus possible :
« Penses-tu que j'ai une chance de m'en sortir ? – Crevant brusquement le voile qui les empêchait de se parler, nos yeux échangent enfin la vérité. »
Libérés des pauvres mensonges, des platitudes et des silences pesants, ils comprennent que la séparation est inévitable, qu'elle est proche, et que le très court temps qui leur est donné de vivre doit être vécu en entier, dans toute sa force.
Le narrateur, faux jeune homme-gigolo à sa maman, retrouve son statut de fils, redécouvre, à travers les bonheurs perdus de l'enfance, le vrai visage d'une mère qu'il n'avait jamais connue.
■ Les noces de la lune rouge, Daniel Depland, Editions Calmann-Lévy, 1986, ISBN : 2702114652