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Raffinement par James Tissot

Publié le par Jean-Yves Alt

Elégance raffinée des demi-mondaines : tout est prétexte, dans cette scène, à peindre de très belles étoffes, des décors somptueux, bref les charmes pompeux d'un siècle dont il m'arrive encore de rêver la splendeur.

Mais si cette veuve au regard détourné est plus nostalgique qu'affectée, c'est que derrière elle, la tragédie d'un soleil couchant lui communique une douleur bien plus subtile, bien plus réelle aussi : celle de vivre. La fillette ne joue pas et la grand-mère est plongée dans un ailleurs de lecture.

Derrière tant de splendeur, il y a ces longues journées écrasantes d'ennui que chacun décore à loisir... C'est le veuvage de la vie, des passions et des aventures frémissantes.

James Tissot – Une veuve – 1868

Huile sur toile, collection privée


Jacques-Joseph Tissot est né à Nantes en octobre 1836. Fils d'un riche négociant en textile, il vient à Paris étudier à l'Ecole des Beaux-Arts vers 1857. L'enseignement classique de Flandrin lui transmettra ce goût pour le travaillé de la peinture et le soigné des détails. Inscrit au Louvre comme copiste, il va exécuter des scènes de la vie quotidienne profondément inspirées des œuvres flamandes des XVI-XVIIe siècles.

Galant homme, mondain, il va scruter la scène des salons parisiens : son admiration pour la société britannique le pousse à se faire appeler James.

Après la Commune de Paris en 1871, à laquelle il participa activement, Tissot s'exile à Londres pour une dizaine d'années. Ce long séjour, dans un pays qu'il adorait, relevait plus de la providence que de la contrainte. Là, dans le même milieu qu'il fréquentait à Paris, il va composer la plus grande partie de son œuvre. Les Anglais, alors en pleine ère victorienne, vont l'accueillir comme le représentant du Tout-Paris. Célèbre, il sera exposé dans les plus prestigieuses galeries et se verra confié plusieurs portraits. Mais sa liaison avec Kathleen Newton, jeune divorcée de vingt-deux ans, lui attire les plus vives condamnations de l'élite puritaine.

En 1882, Tissot revient à Paris, où une exposition lui est entièrement consacrée en 1883. A la suite d'une vision du Christ, il décide de consacrer sa peinture à des thèmes religieux. Il va dès lors effectuer plusieurs voyages en Palestine et en Egypte tout au long desquels il découvre des paysages bibliques et entreprend une colossale série d'aquarelles.

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