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La mélodie de la peur, Pierre Boileau & Thomas Narcejac

Publié le par Jean-Yves Alt

La célèbre cantatrice, à voix de soprano, Yvonne Vidalin a été mystérieusement enlevée. Après l'avoir obligée à chanter jusqu'à épuisement, ses ravisseurs l'ont relâchée en plein bois de Boulogne où elle a été retrouvée hagarde.

Robin Saint-Gilles, tout juste adolescent, rêve non pas, de débrouiller seul cette mystérieuse affaire, mais au moins de rassembler un maximum d'hypothèses à partir de différentes informations qu'il recueille dans la presse - et ce d'autant plus qu'il a du temps puisqu'il est en vacances - afin de se prouver la vertu de son raisonnement : c'est ce qu'il appelle « son petit safari privé ».

Robin, chante aussi en amateur dans une chorale. Certes, pas aussi bien que son ami, Patrick, qui lui réussit à chanter des notes de soprano léger qu'une femme pourrait lui envier. D'ailleurs, la principale préoccupation de Patrick (et de sa mère avec qui, il vit seul depuis le divorce de ses parents) est la pensée de perdre cette voix que beaucoup de monde admire et lui envie. Il rêve souvent de remplacer une chanteuse d'opéra, il serait alors déguiser en femme… avec une robe à panier, un éventail à la main. (page 27)

Une autre cantatrice est encore enlevée dans les mêmes conditions à la différence qu'elle est retrouvée dans le coma. Elle a reçu un coup violent qui lui a provoqué un traumatisme crânien.

Robin poursuit ses investigations : le lecteur suit ses analyses et les "aberrations" des informations de la presse écrite, de la radio et de la télévision. Il attend la troisième victime car il est certain que les ravisseurs ne s'arrêteront pas là.

[…] il [Robin] écrit en abrégé : Autopsie, néant. Traces de coups sur l'épaule droite. Fracture du crâne produite par un instrument à surface irrégulière. Pyjama déchiré à la hauteur de la hanche droite. Main droite présentant une coupure à la base du pouce. Veste de pyjama aux mesures de la victime, mais jambes trop courtes. Bijoux intacts, à savoir bracelets en or au poignet droit et diamant à l'annulaire gauche. L'enquête continue.

- Donc, conclut Robin, il n'y a pas eu vol ; donc pas de demande de rançon ; donc l'argent n'a rien à voir dans cette affaire. (page 53)

Robin ne croyait pas si bien penser… Alors que les deux garçons font un petit sprint sur les bords de la Loire, ils sont enlevés. Leurs geôliers portent des masques de carnaval et ne communiquent que par écrit, sans doute pour ne pas se trahir avec leur voix. Petit à petit, Robin comprend qu'on ne s'intéresse pas à lui mais à son ami, plus exactement à sa voix de soprano, à sa capacité de produire quelque chose d'aérien, d'immatériel… Mais quelle motivation anime les ravisseurs ?

Robin devra compter sur sa propre détermination pour trouver une issue car Patrick, qui se définit comme une « fille manquée », a peu de "ressources" dans ce genre de situation. Il faut dire aussi que Robin aime bien Patrick même s'il le trouve souvent exaspérant : il se jure de le sauver, car une voix comme la sienne ne doit absolument pas se perdre. (pages 102 et 109)

A travers le personnage de Patrick, faut-il voir une allusion à une possible homosexualité ? Personnellement, je ne pourrais l'affirmer et cette question n'a pas grand intérêt. Par contre, et là est l'essentiel, j'ai apprécié les descriptions des relations entre les deux garçons, même si certains clichés ne sont pas évités par exemple quant à la féminité de Patrick qui ne peut être "qu'extériorisée" à travers un désir de "travestissement" ou qui ne peut être qu'associée à de la "faiblesse" de caractère… avec en sous-entendu, que cela s'explique par l'absence du père...

■ La mélodie de la peur, Pierre Boileau & Thomas Narcejac, Editions Rageot , Collection Cascade, 1989, ISBN : 2700210182


Lire aussi la chronique de Lionel Labosse sur son site altersexualite.com

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