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Surexposé, un film de James Toback (1983)

Publié le par Jean-Yves Alt

Dans Surexposé, Rudolf Noureev tente une nouvelle fois l'expérience cinématographique, aux côtés de Nastassja Kinski et Harvey Keitel. En violoniste vengeur, il n'apparaît pas très convaincant.

Surexposé est loin d'emporter l'adhésion. L'histoire n'est pourtant pas idiote : cela démarre dès la fin du générique sur un attentat terroriste dans une brasserie de la place du Trocadéro. Une bombe cachée dans un sac est amenée là par une jeune femme après avoir été quelque temps entre les mains de Vic (Pierre Clementi), énigmatique et hautain.

On passe ensuite directement au beau visage de la petite Elizabeth Carlson (Nastassja Kinski) assistant à un cours sur le romantisme allemand à l'Université du Wisconsin. Goethe, Werther, où l'ange de la Rédemption, explique le professeur passionné, devient l'ange de la Mort. Elizabeth, après une scène ridicule où elle rompt avec son professeur (il était son amant), rentre chez elle et annonce froidement à ses parents qu'elle cesse ses études et part pour New York. Avec sa fraîche beauté comme support, elle devient serveuse de restaurant puis mannequin vedette, top model que l'on voit bientôt sur la couverture des plus grands magazines internationaux.

Et Rudolf Noureev qui interprète le rôle du violoniste Daniel Jelline ? Il arrive, à l'occasion d'un cocktail mondain, tout de noir vêtu : mystérieux, secret, trouble, charmeur et mauvais acteur. Elizabeth Carlson se laisse séduire par ce personnage dont on ne sait pas d'abord s'il est réellement un violoniste de renommée mondiale qui, pour des raisons personnelles et d'ailleurs fort louables, lutte contre le terrorisme et en particulier contre un nommé Rivas (Harvey Keitel toujours impressionnant de présence et de talent) dont il veut la peau coûte que coûte, ou bien s'il n'est pas lui-même un terroriste qui voudrait utiliser la jeune fille (il veut simplement en faire un appât pour Rivas).

Cette ambiguïté est très bien vue par James Toback, de même que l'image qu'il donne de Rivas, terroriste à visage « humain », très éloigné en tout cas de la caricature traditionnelle du méchant assassin responsable de la mort des innocents.

Surexposé n'est certes pas une justification du terrorisme, ni un plaidoyer, mais à travers le discours et l'action de Rivas, un effort lucide pour expliquer et comprendre un comportement, un idéal.

Un instant dans la gueule du loup, la belle Elizabeth (qui, bien sûr, aime son violoniste justicier) est épargnée par Rivas, peu avant l'affrontement inévitable avec le musicien, sur les bords du canal Saint-Martin.

Autre ambiguïté : on se demande si Elizabeth, à un moment où elle peut encore fuir Daniel et l'aventure dangereuse dans laquelle il veut l'embarquer, décide de rester auprès du musicien par amour pour lui ou en vertu d'un sens du devoir, d'une mission noble et élevée. On ne sera sûr que plus tard qu'elle a été vraiment séduite par le violoniste, mais sans doute le combat qu'il mène, y est-il aussi pour quelque chose.

Un mot encore, sur le personnage de Vic joué par Pierre Clementi, très pédé, très folle distinguée au genre pseudo-artiste. Il est amoureux de Rivas (il le lui dit), c'est pour cela qu'il le sert, qu'il tue pour lui, mais c'est aussi pour cela qu'il le trahit et qu'il meurt, en représailles, de sa propre main ! Un héros de Genet là où on ne l'attendait pas...

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P
Quel rôle aura joué Eléonore Klarwein dans ce film?
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J
Juste une apparition...