Thrasylle, Henry de Montherlant
Roman de jeunesse, terminé alors que Montherlant n'avait que vingt ans, Thrasylle n'est pas une œuvre particulièrement intéressante en elle-même.
Certes, ce roman peut être un outil de travail entre les mains des chercheurs, étudiants, auteurs de thèses sur l'œuvre de l'écrivain car l'on y découvre des thèmes qu'il abordera plus tard, avec bien plus de talent.
« Thrasylle l'avait trouvée, cette "beauté où il pouvait employer son abondance, ce qu'il n'eût jamais pu faire dans la laideur", et éprouvait, ne fût-ce qu'une minute confuse, cet éternel besoin de dépasser la forme qu'on adore. Une âme ! De quel élan il "se vouait à l'instruire". Il voulait faire quelque chose pour elle ! Quelle "foule de phrases éloquentes" lui venait ! Il leur dirait, quelque chose en lui leur dirait : "Cette heure de maintenant, il faut vivre pour la multiplier. Il faut maudire chaque jour qui n'en aura pas vu de pareille ; alors seulement vous saurez ce qu'est vivre et vous mériterez de vivre, car vous serez comme des dieux !..." » (p. 52)
Il s'agit de l'histoire, dans la Grèce antique, de deux jeunes amants que la société sépare et qui se révoltent. L'amour entre garçons est donc déjà présent dans ce livre.
« Puis il courut à la fontaine. Au moment qu'il se baissait, le visage approcha. Il sursauta. Sans doute hier il ne l'avait vu qu'une seconde, et c'était la faute de ces larges boucles... Mais, tout de même, avait-il pu se tromper à ce point ? Une nymphe ? Mais c'était un garçon comme lui !... Ou plutôt c'était un dieu sous la forme d'un garçon, car ce qu'il y avait dans ce visage, il ne l'avait vu dans aucun visage mortel. Il était là, éperdu, en désarroi, n'ayant plus la moindre maîtrise de lui-même. Il se penchait, son corps pressait le sol, ses mains se crispaient à la berge, ses yeux descendaient dans les yeux, son souffle faisait trembler le cristal de l'eau ; il n'avait plus la conscience du monde, plus conscience de ce qu'il regardait, plus conscience de lui-même que par les retentissements de son cœur, et il lui semblait que ce cœur, battant à chaque coup plus fort, se détachait de sa poitrine et coulait jusqu'au fond de la terre. » (pp. 35-36)
Pour ce qui est de l'écriture et du style, c'est mièvre, sans saveur.
Thrasylle, un livre à lire comme référence, et non pour le plaisir.
■ Thrasylle, Henry de Montherlant, Editions Robert Laffont/Grand Pont, 1984, ISBN : 2221043049
Lire aussi : la préface de Pierre Sipriot
Du même auteur : Le songe - Moustique - Les garçons - Correspondance avec Roger Peyrefitte 1938-1941
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