Petit pan de mur jaune par Pierre Bonnard
Orange pur, violet, vert cru. Les couleurs de Bonnard crient. La couleur explose dans ses toiles. Au point qu'elle dilue presque les formes, mais jamais entièrement. Le dessin soutient néanmoins toujours la composition.
Je suis renversé par le lyrisme échevelé de la polychromie et en même temps je suis bien obligé de constater que la réalité n'est pas absente : au milieu de la joyeuse débauche des couleurs, je reconnais une femme, une chaise...
Je crois que le succès public de Pierre Bonnard repose sur un malentendu à cause justement de cette présence de la réalité : « Ça ressemble à quelque chose ! », comme disent les visiteurs. Dans les musées, c'est le jeu préféré du public que de reconnaître tel ou élément… Pourtant, je ne crois pas que le réalisme intéressait Bonnard.
Ses tableaux – comme cette terrasse de Vernon – qui ouvrent sur un paysage lui permettent de décomposer les différents plans de la toile, de débusquer une mise en scène violente de la peinture, en utilisant des couleurs souvent pures, au paroxysme de leur intensité.
Pierre Bonnard – La terrasse de Vernon – vers 1928
Huile sur toile, 242,5cm x 309cm, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen (Düsseldorf)
La terrasse de Vernon est fabuleuse. Avec son pan de mur jaune, sur la gauche, qui fait chanter toute la composition, Bonnard s'est haussé au niveau de Vermeer dans sa Vue de Delft.