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Mon regard sur le saint Sébastien du Musée Lorrain de Nancy

Publié le par Jean-Yves Alt

Ce Sébastien me rappelle la séparation – de plus en plus fréquente – que fait notre civilisation (même si elle s'en défend parfois) de la tête et du corps.

Le corps serait soumis à la sacro-sainte condition physique tandis que la tête serait perçue comme un simple supplément d'âme.

Un corps délivré, affranchi de la domination de la conscience, n'est-il pas un corps évanoui ?

C'est sans doute au moment de mourir, qu'on prend conscience que notre corps est perdu. Le corps sain, on croit le posséder pour l'éternité. Même s'il commence à se dérober au moment où il fait mal. Le lieu de la douleur rappelle alors sa totalité fragile et insaisissable.

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Parce que le regard de ce Sébastien est dirigé vers un ailleurs flou, son corps, même déconnecté des souffrances de son supplice raté, clame une sorte de droit à la totalité. Comme si cette dernière se résumait à une valeur organique ou mécanique des différentes parties. Sauf que la totalité embrassée n'est pas la totalité. Car, si j'appréhende le corps athlétique de ce Sébastien, son corps essentiel est celui précisément que nul ne peut saisir.

Cette magnifique sculpture populaire, emplie de sagesse, me rappelle que je suis corps mais que jamais je ne le posséderais ou alors comme une totale absence.

Ce que je vois du corps n'est qu'une fragile enveloppe construite sur des formes symboliques ondoyantes.

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Art populaire – Sébastien – XVIIe (?)

Sculpture de bois polychromé, Musée Lorrain de Nancy

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