Erotisme allusif avec Fragonard
Quelle agitation dans cette petite chambre ! Lit défait, tabouret renversé, porte qui s'ouvre : une scène théâtralisée qui semble avoir été figée par Jean Honoré Fragonard au moment d'un drame.
Essayons d'imaginer les secondes qui précédèrent.
La jeune fille du milieu n'était-elle pas assise dans le fauteuil placé juste devant la cheminée ? Sa chemise devant traîner trop près du foyer a dû prendre feu d'où sa précipitation à se lever pour s'emparer du pichet d'eau posé sur le meuble près de la porte. C'est à ce moment qu'une autre jeune femme, ouvrant la porte, a compris en un instant la situation et s'est emparée du pot d'eau.
Cette hypothèse est charmante mais ne dit rien de la présence des deux jeunes femmes – très légèrement vêtues – dans cette chambre.
Jean Honoré Fragonard (1732-1806) – Ma chemise brûle
Lavis brun sur tracé à la pierre noire, collection Chennevières, Musée du Louvre
Pourquoi la jeune fille alitée tire-t-elle le rideau du baldaquin ?
Les deux jeunes filles partageaient-elles le même lit ?
Et, que dire de cette chambre ? Appartient-elle à un pensionnat de jeune fille ? Est-ce une chambrée d'hétaïres, de femmes légères ou plus conventionnellement de servantes ? Mais l'intérieur trop opulent peut-il correspondre à une chambre de pensionnaires ou à celle de simples domestiques ?
Faut-il alors retenir l'idée d'un bordel ?
Laissons brûler ces questions et laissons notre œil naviguer dans cette scène folâtre teintée d’un érotisme allusif.