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Erotisme allusif avec Fragonard

Publié le par Jean-Yves Alt

Quelle agitation dans cette petite chambre ! Lit défait, tabouret renversé, porte qui s'ouvre : une scène théâtralisée qui semble avoir été figée par Jean Honoré Fragonard au moment d'un drame.

Essayons d'imaginer les secondes qui précédèrent.

La jeune fille du milieu n'était-elle pas assise dans le fauteuil placé juste devant la cheminée ? Sa chemise devant traîner trop près du foyer a dû prendre feu d'où sa précipitation à se lever pour s'emparer du pichet d'eau posé sur le meuble près de la porte. C'est à ce moment qu'une autre jeune femme, ouvrant la porte, a compris en un instant la situation et s'est emparée du pot d'eau.

Cette hypothèse est charmante mais ne dit rien de la présence des deux jeunes femmes – très légèrement vêtues – dans cette chambre.

Jean Honoré Fragonard (1732-1806) – Ma chemise brûle

Lavis brun sur tracé à la pierre noire, collection Chennevières, Musée du Louvre

Pourquoi la jeune fille alitée tire-t-elle le rideau du baldaquin ?

Les deux jeunes filles partageaient-elles le même lit ?

Et, que dire de cette chambre ? Appartient-elle à un pensionnat de jeune fille ? Est-ce une chambrée d'hétaïres, de femmes légères ou plus conventionnellement de servantes ? Mais l'intérieur trop opulent peut-il correspondre à une chambre de pensionnaires ou à celle de simples domestiques ?

Faut-il alors retenir l'idée d'un bordel ?

Laissons brûler ces questions et laissons notre œil naviguer dans cette scène folâtre teintée d’un érotisme allusif.

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