« Passion » absolue chez Grünewald
Croix mal débitée, vêtements déchirés, chairs meurtries et douloureuses, barbes mal taillées, mâchoires proéminentes, traits simiesques... tout semble outré dans la peinture de Matthias Grünewald.
Pourtant nulle caricature dans cette peinture.
Dans cette représentation du portement de croix, Matthias Grünewald montre – avec une grande force expressive – sa vision qu’il a des différents éléments qui constituent cette scène : bois, tissus, peaux et chairs, poils, morphologies squelettiques, afin de reconstituer ce que je perçois comme être la terrible violence du monde.
Matthias Grünewald – Portement de croix du retable de Tauberbischofsheim (détail) – 1523/1525
Huile sur bois, 195,5cm x 142,5cm pour le tableau entier, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe
Pour bien prendre conscience du caractère absolu de cette représentation de la Passion du Christ, il n'y a qu'à comparer ce chef-d'œuvre de Grünewald, à ce détail de la Crucifixion du Christ de Jörg Breu l'Ancien, peintre germanique de la même époque : chairs égales et lisses, air abruti des bourreaux… le tout constituant une simple illustration colorée.
Jörg Breu l'Ancien – Crucifixion (détail) – 1524
Peinture, 87cm x 63cm pour le tableau entier, Museum of Fine Arts, Budapest