François Augiéras
Qui était François Augiéras ? Un illuminé, un demi-fou, le dernier des barbares ? Un peu tout cela à la fois.
Né en 1925 à Rochester aux Etats-Unis, il était le fils d'un pianiste français célèbre, mort peu avant sa naissance. De sa mère, peintre sur céramique, qu'il jugeait idiote et qui le lui rendait bien, il ne revendiquait seulement que l'origine slave, se voulant un barbare nomade venu d'Asie et de Russie.
Détestant la religion chrétienne, il se rattachait aux dieux païens antérieurs à cette ère. Persuadé d'avoir eu plusieurs vies, il se pensait immortel et croyait fermement être venu sur Terre, non pas du lointain passé, mais du... futur. Son âme, selon lui, était une partie du cosmos.
Un être aussi singulier ne pouvait avoir qu'une existence peu commune. Vivant en marge des hommes, dans une terrible solitude, c'était un errant dont l'itinéraire tournait autour de quelques repères : la Vézère en Dordogne, le désert d'Afrique du Nord, les lieux saints et antiques de la Grèce...
Squattant les fermes abandonnées, allant même à habiter dans des grottes au cœur de la nature qu'il préférait aux hommes, il est mort à quarante-six ans, le cœur usé, dans un asile de vieillards, en Dordogne, en 1971. Eternellement à la recherche d'un « Père », d'un « Maître », d'un « Initiateur », mais aussi de quelques jeunes « Frères », il a surtout suivi, souvent avec crainte, la pente de son étrange destin.
Un destin destiné à nourrir son œuvre littéraire par laquelle seulement son rêve d'immortalité avait quelque chance de devenir réalité.
Après plusieurs décennies d'oubli, ses livres, qui avaient trouvé un relatif écho chez les hippies soixante-huitards et quelques rares homosexuels lettrés, semblent devoir survivre à une simple mode. (1)
Dans sa folie, toute relative et non dénuée de malice et de stratégie littéraire (ne s'est-il pas jeté dans les bras du vieux Gide pour faire éditer son premier livre), François Augiéras finirait-il par avoir raison ?
C'est bien possible ! Quoi qu'il en soit, ses livres, nourris de douloureuses et joyeuses expériences, sont singuliers et beaux, lyriques et denses, narcissiques à l'extrême.
Leur lecture rend perplexe ou ébloui, mais jamais indifférent. On n'en ressort pas tout à fait intact. Aussi est-il recommandé de les aborder avec précaution.
(1) Principaux ouvrages de François Augiéras :
- Le vieillard et l'enfant (Editions de Minuit, 1985, ISBN : 270731000X)
- Le voyage des morts (Editions Grasset/Les cahiers rouges, 2006, ISBN : 2246583829)
- L'apprenti sorcier (Editions Grasset/Les cahiers rouges, 2006, ISBN : 2246510228)
- Une adolescence au temps du Maréchal (Editions La Différence, 2001, ISBN : 272911341X)
- Un voyage au mont Athos (Editions Grasset/Les cahiers rouges, 2006, ISBN : 2246522129)
- Domme ou un essai d'occupation (Editions Grasset/Les cahiers rouges, 2006, ISBN : 2246550823)
Lire aussi : François Augiéras, un barbare en Occident de Paul Placet
Les éditions L'originel me communiquent la parution de : François Augiéras ou Le Théâtre des Esprits
Cet ouvrage présente des textes sur l'auteur mais aussi des épreuves de "Le vieillard et l'enfant" et de "Le voyage des morts". Des photos et des reproductions de sa peinture accompagnent les textes. Un CD-Rom est joint à ce livre qui comprend un enregistrement de la voix d'Augiéras, qui lit ses principaux ouvrages, une biographie, des films d'archives, et ses peintures.