Le ciel s'est habillé de deuil, Maurice Périsset
Un autre roman riche en univers secret et en qualité de mystère psychologique où le drame naît lentement de la tension qui s'établit entre les personnages. Le noir chez Maurice Périsset est nuancé, crépusculaire. Pas d'affreux crimes ou d'insoutenables cadavres. Le drame naît lentement de la tension qui s'établit entre les personnages.
La Maunière, une belle maison isolée dans la campagne provençale et, dans cette maison, un vieil homme retranché du monde : Gabriel Genebuzin romancier célèbre une décennie plus tôt mais qui, après la mort de sa femme, a cessé de publier. Le démon de l'écriture le reprend et, pour l'aider à rédiger ses mémoires, il engage Fabien Duparc par l'intermédiaire d'une petite annonce.
Habite aussi chez lui, pendant les vacances, Cyril, son jeune neveu, homosexuel sans complexe qui loge son amant, Eric, dans une auberge voisine.
Cyril n'a jamais eu d'attirance pour les filles […] ; quelques aventures de collège avec des garçons, les années où il a été interne. Il en a connu quelques-uns avant Eric, mais c'était sans importance. Et puis, il y a eu Eric. Il souffre de ne pas pouvoir l'imposer à la Maunière, de manquer de courage pour affronter son oncle. D'où une certaine amertume et beaucoup de ressentiment envers lui. (page 188)
Qui est Fabien, jeune homme discret mais mystérieux, qu'une quête inlassable va conduire, de révélation en révélation, jusqu'à une vérité redoutable ? Et pourquoi a-t-il sollicité cet emploi de secrétaire ?
Pourquoi l'écrivain n'a-t-il rien publié depuis dix ans et pourquoi les notes qu'il demande à son secrétaire de trier ne sont-elles pas de la même main ?
Pourquoi les premiers livres de Gabriel Genebuzin – rangés dans la bibliothèque de sa femme – sont-ils reliés en simple toile alors que les suivants le sont en cuir ?
Pourquoi tant de médicaments dans la salle d'eau de l'écrivain ?
Morts troublantes, faux-semblants, pièges, la vérité qu'il s'efforce de traquer va, bien au-delà de ce qu'il pressentait, jusqu'à ce qu'il provoque lui-même le coup de théâtre final.
Ecrire ne permet-il pas de brouiller les pistes et toute vie n'est-elle pas un roman plus complexe que la fiction ?
■ Le ciel s'est habillé de deuil, Maurice Périsset, éditions Hermé/Suspense, 1991, ISBN : 2866651391
Du même auteur : Deux trous rouges au côté droit - Les collines nues - Les tambours du Vendredi Saint - Soleil d'enfer - Laissez les filles au vestiaire - Corps interdits - Les noces de haine - Avec vue sur la mort - Les grappes sauvages - Gibier de passage