Girodet et l'homosexualité
Girodet a réalisé de nombreux dessins pour illustrer L’Énéide, dont plusieurs montrent des nus masculins aux fesses musclées
L’élève de Jacques-Louis David, dont l’œuvre se situe à cheval entre le néo-classicisme de son maître et le romantisme de ses successeurs, laisse transparaître dans ses tableaux et dessins une dimension homo-érotique plutôt évidente, ancrée notamment dans la tradition pédérastique grecque.
A l’occasion de la rétrospective de cet artiste à l’automne 2005, au Musée du Louvre, la presse nationale française a à peine abordé voire occulté cette dimension : le peintre n’a rien laissé paraître de sa vie ou de ses penchants sexuels pour Libération, une personnalité insaisissable pour Le Monde, un homme à femmes pour Le Figaro…
Pourtant en 1829, Pierre-Alexandre Coupin, biographe du peintre écrivait dans "Œuvres posthumes de Girodet-Trioson, peintre d'histoire", (partie "Notice historique", Jules Renouard Libraire) :
« Il est un autre sentiment qui domine et entraîne souvent les êtres doués d'une sensibilité ardente et d'une grande vivacité d'imagination, et auquel, dès-lors, Girodet ne dut pas être étranger. Il ressentit, en effet, plusieurs affections passionnées, et il les entretint avec une extrême discrétion. La grande quantité de lettres qui furent religieusement détruites le jour même de sa mort, selon la prière qu'il en avait faite à ses amis, prouve la place que ces affections occupaient dans son existence intérieure. Malgré toute sa circonspection, ceux de ses amis intimes et de ses élèves, qui le quittent peu, purent s'apercevoir des visites fréquentes qu'il recevait après les longues journées de travail de l'atelier. Je respecterai sa réserve, et je n'essaierai pas de soulever un voile que lui-même a posé avec respect sur ces jouissances dont le mystère est un des premiers charmes... »
Et Etienne-Jean Delécluze ajoutait en 1855 à propos de cet extrait :
« Le biographe de Girodet a été discret sur les affections tendres de ce peintre. On sait que dans ses fantaisies passagères, le dieu d'amour lui a lancé les flèches cruelles. » (in David, son école et son temps, Editions Didier)
Alors REGARDS à travers trois dessins de l’artiste :
Dans La Tempête, un jeune noyé emporté par des flots tumultueux est sous le regard éperdu d’un homme plus âgé (son amant ?) qui tente vainement de le sauver.
Le départ de Nisus et Euryale, insiste sur la beauté des deux héros et leur attachement l'un à l'autre, suffisamment pour qu'on puisse se poser des questions…
La Mort de Hyacinthe, illustration d’un des plus célèbres mythes homosexuels, où le héros est frappé du sommeil de la mort dans les bras mêmes d’Apollon.
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