Mon regard sur le saint Sébastien de Guido Reni au Louvre
Au XVIe siècle, une nouvelle conception vient opérer une sorte de révolution dans la peinture. Caravage a soumis l'Italie à sa ténébreuse vision et son réalisme a revivifié un art qui risquait de s'enfermer dans des formules d'école.
La Contre-Réforme aussi a triomphé. En opposition avec le rationalisme protestant, elle veut agir sur les foules par l'émotion, par un art pathétique.
Nouvelle esthétique – nouvelle piété – et c'est ce saint Sébastien de Guido Reni (1575-1642).
Le Guide met en œuvre des procédés bien différents de ceux qu'employaient Mantegna ou Le Pérugin.
Ici, les valeurs constituent le grand moyen d'expression. Le peintre fait dominer le contraste du blanc et du noir et c'est à peine s'il recourt à quelques roses pour marquer les dernières lueurs du couchant et à un rouge pour désigner la tunique d'un bourreau qui s'éloigne.
Le Guide (Guido Reni dit) – Saint Sébastien
Peinture à l'huile, 170cm x 132cm, Musée du Louvre, Paris
La nuit a envahi le tableau. Dans l'ombre, un rayon mystérieux éclaire saint Sébastien, seul et blessé, et sculpte sa tête douloureuse et son torse puissant. Il fait songer à un modèle que Pierre Puget aurait apprécié, large, fort, de type populaire, dont les formes un peu massives conviennent bien à cet éclairage nocturne qui allège opportunément par ses ombres ce qu'elles pourraient avoir de trop lourd (la jambe repliée, par exemple). Ce modelé énergique du buste constitue un admirable morceau. La matière elle-même est savoureuse.
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