Charles Ier, roi d'Angleterre par Van Dyck
A la lisière d'une forêt, dominant un large golfe, le roi est debout sur une dalle rocheuse, l'allure cavalière, la main droite posée sur une canne, d'un geste noble, la gauche repliée sur la taille et tenant négligemment un gant.
Il est vêtu d'une casaque flottante de satin blanc et d'une culotte rouge, coiffé d'un grand feutre noir et chaussé de bottes souples. A travers la chevelure qui tombe sur son col de batiste, luit la perle qui orne son oreille. Son œil pose sur le visiteur un regard distant et réticent. Auprès de lui, un enfant porte son manteau et un écuyer retient son cheval qui courbe le col. Tout point de comparaison est éludé. Le prince est-il grand ? Nul ne pourrait l'affirmer et, pourtant, il en donne l'impression.
Surtout, il est le roi. Nul besoin - pour le souligner - du globe, de la couronne et de la main de justice : son allure suffit. Le cheval dont il vient de descendre rappelle ses plaisirs aristocratiques. Le site marque son goût de la campagne. Son bras étendu sur l'horizon évoque l'empire de la mer. Du naturel et de la fierté, un décor admirable et significatif, tout est séduisant, rien n'est inutile et le modèle est admirablement défini.
Antoon Van Dyck – Charles Ier, roi d'Angleterre – vers 1635
Huile sur toile, 266cm x 207cm, Musée du Louvre, Paris
Le tableau est centré à gauche, entre le tiers et la moitié de la largeur, sur la personne du roi qui se détache avec vigueur, grâce aux couleurs les plus vives et aux valeurs les plus fortes. Les deux personnages épisodiques sont relégués l'un au second plan, l'autre sous l'ombre des arbres. Les verticales dominent, mais sans donner une impression de raideur grâce à une série de courbes : patte et encolure du cheval, épaules et bras de l'écuyer, rameaux inclinés par la brise marine, ovale de la coiffure. Les lignes se développent autour du portrait pour le renforcer : branches qui reprennent et amplifient les contours du chapeau, ciel qui entoure le visage d'une légère auréole, nuages qui bordent et prolongent discrètement le bras étendu, tête du cheval qui fournit une parallèle à l'épée.
Une harmonie audacieuse commande le coloris. Le tableau est construit en partant d'un accord dominant, fortement marqué, entre le blanc, glacé de bleu, de la veste de satin et le rouge vif de la culotte. Problème difficile que celui d'équilibrer deux teintes inégalement actives, le blanc étant beaucoup plus lumineux que le rouge : Van Dyck a renforcé pour cela son rouge grâce aux verdures qui l'entourent. Il a aussi atténué l'éclat de la veste par la clarté de l'horizon. Le noir profond du large chapeau de feutre résonne encore comme une belle note grave.
Enfin, il est encore un mérite dans ce portrait : le style, à la fois intime et noble, charmant et fier, qui, donnant au roi une allure réelle et romanesque, le situe entre la vérité de l'histoire et la fantaisie des féeries.