« Discussion » entre des Maîtres : Véronèse et Rembrandt
Véronèse et Rembrandt ont conté, l'un et l'autre, le repas d'Emmaüs, mais quel contraste entre leurs tableaux :
Véronèse colore avec éclat, multiplie les personnages et les moyens d'effet, dispense à profusion de riches accessoires dans la magnificence du décor et la splendeur du soir : il exécute une somptueuse symphonie picturale.
Rembrandt, au contraire, presque sans couleur, dans une architecture simple et nue, exprime tout un drame intérieur, la tendresse douloureuse de celui qui a souffert d'indicibles souffrances et qui vient, par delà la mort, réconforter les disciples qui le pleurent.
Paolo Caliari dit Véronèse – Les Pèlerins d'Emmaüs – vers 1559
Huile sur toile, 241cm x 415cm, Musée du Louvre, Paris
Rembrandt Harmenszoon van Rijn – Les pèlerins d'Emmaüs (détail) – 1648
Huile sur bois, 65cm x 68cm, Musée du Louvre, Paris
Deux formules opposées : une glorification éblouissante, une effusion mystique.
Les grands sujets ont bien des significations et la beauté bien des formes. Pourquoi ne pas tenter de les comprendre toutes, même si l'on en préfère une ?