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La question de la beauté par Ingres...

Publié le par Jean-Yves Alt

La pose décontractée de la jeune fille décrit un S à l'envers (courbe du dos, contre-courbe du ventre), qui contraste avec le décor, organisé sur des verticales : cadre du miroir, vases, cheminée.

La cheminée réchauffe, les fleurs sont ouvertes, les vases sont fragiles et précieux... Tout renvoie métaphoriquement à la jeunesse pleine de promesses, jusqu'au bougeoir vide en haut : il est en attente d'une flamme… celle de l'amour ?

Le miroir montre malicieusement ce qui ne se voit pas, et qui forme les attaches qui tiennent cette mise en scène : boutons de la robe d'apparat, peigne qui tient la coiffure. Étonnamment, ce miroir ne montre rien d'autre. Ce constat relativise le réalisme apparent de l'œuvre : tout cela est-il si vrai ?

Le souci scrupuleux du détail amène un rendu travaillé des velours, dentelles. La peinture est cependant si lustrée que la chair apparaît trop lisse : le modèle ressemble à une poupée de porcelaine.

Jean Auguste Dominique Ingres – Louise de Broglie, Comtesse d'Haussonville – 1845

Huile sur toile, The Frick Collection, New York

À y regarder de plus près, la nuque de la jeune fille, ses doigts, ses poignets semblent bien déformés.

Ingres n'interroge-t-il pas – dans ce portrait – les conventions académiques de la représentation, glissant le faux là où tout semble dire le vrai, le laid là où tout semble dire le beau ?

Comment représente-t-on au mieux la beauté et l'harmonie ? C'est la question que semble poser la comtesse, dans sa pose pensive et un peu rêveuse…

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