Marcela Iacub : Qu'avez-vous fait de la libération sexuelle ?
Marcela Iacub tord à bien des égards le cou aux interprétations juridiques faciles dont les médias et les propos de comptoirs sont coutumiers. Ils rendent au droit sa substance, son essence même, et feront le régal des juristes agacés par les dérives pseudo-juridiques plus motivées par la volonté de normaliser les rapports sociaux que de comprendre ce que le droit en dit véritablement.
Quatrième de couverture : Louise Tugènes, héroïne de cette enquête insolite, nous livre les résultats de ses investigations sur ce que l'on appelle le « nouvel ordre sexuel ». Liberté sexuelle ? Elle n'en est plus tout à fait sûre quand elle constate que le quart de la population carcérale en France est poursuivie pour crime sexuel et que l'on cherche à abolir la prostitution et la pornographie... Elle interroge des féministes convaincues auprès desquelles elle passe pour un suppôt du patriarcat ; elle évoque avec une certaine admiration son amie d'enfance Angèle qui s'est prostituée pour financer ses études : elle apprend médusée que Sabine a été violée sans s'en rendre compte, ce qui ne l'a pas empêchée de se sentir psychiquement morte...
Une vive satire des prétendues avant-gardes sexuelles qui veulent nous libérer par plus de violence policière, et de la bêtise des « intellectuels » d'aujourd'hui qui confondent raisonnement et culture du préjugé. Un travail de vulgarisation original par une spécialiste qui ne manque ni d'humour ni de courage.
"Qu'avez-vous fait de la révolution sexuelle ?" est en quelque sorte une version vulgarisée de son livre précédant (Le crime était presque sexuel). Qui dit vulgarisation, dit simplification. Il faut donc le lire avec un a priori positif qui consiste à essayer de comprendre sa manière de penser et son féminisme, et en ne s'arrêtant pas à certaines généralisations abusives, à ses provocations à l'égard d'autres courants féministes et à son discours assez subversif. Marcela Iacub, unique en son genre, rejetant le féminisme français "maternaliste", qui ne voit dans la femme, selon elle, qu'une victime ou une génitrice, la juriste dénigre les lois sur la parité ou le harcèlement sexuel.
Marcela Iacub estime que la libération sexuelle est en soi une bonne chose et que les femmes doivent donc y avoir accès comme les hommes. Pour elle, actuellement, la liberté sexuelle de référence est la liberté des hommes. Leur but est d'ôter toutes les barrières psychologiques, culturelles, éducatives, sociétales, etc., qui entravent la liberté sexuelle des femmes pour les amener au même niveau de liberté des hommes en mettant en avant d’une part la capacité des femmes à donner un consentement valable (quand on peut dire "oui" ou "non" et que les autres respectent ce "oui" et ce "non", on est libre ; le consentement est donc une condition sine qua non de la liberté) et d’autre part la libre disposition pour les femmes de leur corps et de leur sexe. Marcela Iacub prend donc position pour une réglementation de la prostitution libre, la production de la pornographie féminine etc.
Marcela Iacub : Qu'avez-vous fait de la libération sexuelle ?, Flammarion, 2002, ISBN : 2082102270