Pour l'amour de Marie Salat, Régine Deforges
Un roman par lettres, anodin en apparence, qui empoigne le lecteur et ne le lâche plus.
Nous sommes en 1903, dans un petit village du Sud-Ouest de la France. Deux jeunes femmes, Marie et Marguerite, mariées se rencontrent. Elles s'aiment, elles s'écrivent.
Marie Salat a réellement existé ; des cartes postales ont été retrouvées. Qu'importe d'ailleurs.
Lentement ces deux femmes s'approchent, se cherchent, se trouvent, connaissent le plaisir, l'intensité d'un amour que l'homme, dans le milieu social très modeste où elles évoluent (l'une était couturière, l'autre ouvrière), ne peut, ou ne sait pas, donner.
C'est un livre superbe d'authenticité, de liberté.
Et c'est surtout, plus loin que cette histoire d'amour caché, sans que cela ne soit jamais expliqué, une vision exacte et volontairement tranquille de la vie des ouvriers, des humbles au début du XXe siècle.
Tranquille oui, pour ces deux femmes qui, pendant un an vont connaître – rien à voir avec les Nathalie Barney, Liane de Pougy et autres amazones – la splendeur de la passion et vont en accepter la brûlure.
C'était en 1903-1904.
Il faut lire ces lettres pour écouter, sur le chemin désert, les pas de Marie et de Marguerite qui se rejoignent pour l'ivresse du corps.
■ Pour l'amour de Marie Salat, Régine Deforges, Éditions Le Livre de Poche, 2003, ISBN : 2253045063
de Régine Deforges : La bicyclette bleue