Du consentement... dans l'Agnus Dei de Francisco de Zurbaran (1598-1664) peint vers 1635-1640
Peut-on faire plus simple ? Un agneau, attaché par les pattes, repose sur une table. Rien d'autre. Pas le moindre élément anecdotique. Aucun objet ne donne d'indications qui nous permettraient de situer géographiquement ou historiquement la scène. Aucune couleur vive ne vient perturber l’équilibre du noir, des gris teintés de terre de Sienne. Cette économie des moyens révèle la figure de l'animal dans une entière pureté. Une telle simplicité ne s'acquiert pas aisément.
Pour comprendre le tableau de Zurbaran, il faut se souvenir des propos des prophètes Isaïe et Jérémie expliquant que le serviteur de Dieu, muet et sans défense, est mené à ses bourreaux «comme un agneau à la boucherie». L'agneau peint par Zurbaran accepte son destin sans la moindre crispation, sans aucun ressentiment. Le contraste avec les pattes attachées, ne laissant aucun doute sur l'issue, et la douceur du visage qui consent, en est d'autant plus bouleversant.
Là réside la leçon tout à fait subjective que je vois aujourd’hui dans ce tableau.
Je trouve que la force de ce tableau ne provient pas uniquement d'un traitement pictural emprunt d'une sobriété profonde, ni même du choix du sujet, mais du consentement de l’animal que l’on peut y lire.
Musée d’Art de San Diego (Etats-Unis)