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La ville et la maison, Natalia Ginzburg

Publié le par Jean-Yves Alt

À cinquante ans, Giuseppe vend son appartement romain pour aller vivre chez son frère Ferruccio à Princeton, petite ville universitaire du New-Jersey. Il quitte le petit groupe d'amis qu'il voyait régulièrement, il quitte une vie routinière qu'il trouvait insupportable mais qu'il commence à regretter avant même son départ.

Giuseppe n'aime ni les voyages ni l'aventure : il part en Amérique rechercher la présence rassurante de son frère aîné, avec la sensation amère d'avoir gâché sa vie par manque de résolution.

Cet exil volontaire est relaté uniquement par la correspondance qu'entretient Giuseppe avec ses amis romains et son fils. Peu à peu, de ces lettres se dégage l'évocation émouvante d'existences oscillant entre la nostalgie d'un passé révolu et l'inquiétude face à un présent aléatoire.

La vie de Giuseppe en Amérique ne sera qu'un long malentendu. Son frère s'est marié et lui est devenu étranger. Il meurt peu après son arrivée et Giuseppe finit par épouser sa veuve, se donnant ainsi un personnage qu'il ne veut pas assumer, comme auparavant il avait refusé, à Rome, d'aller jusqu'au bout de son rôle d'amant et de père.

Parmi les protagonistes du roman, seul son fils, Alberico, semble un moment échapper à cette insidieuse aliénation, à ce perpétuel inassouvissement de désirs imprécis. Il vit avec détermination son homosexualité et ne se laisse étouffer par aucune contrainte ; intrépidité qu'il paiera d'une mort violente.

De cette correspondance, morcellement du temps et de l'espace, sourd une lancinante tristesse. Ces lettres où se mêlent propos futiles et drames absurdes masquent à peine la pitoyable solitude de leurs auteurs.

■ La ville et la maison (La città e la casa, 1984), Natalia Ginzburg, Éditions Denoël/Denoël & d'ailleurs, 2002, ISBN : 2207253805


Du même auteur : Je t'écris pour te dire

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