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Le temps usé, Françoise Xenakis

Publié le par Jean-Yves Alt

Un triple bilan de femme, de mère, d'écrivain. Françoise Xenakis l'a voulu serein selon la légende qui veut que vieillir soit mûrir beaucoup, alors que, je me demande, si ce n'est pas déjà mourir un peu. Néanmoins, elle ne se berce pas de duperies et affronte les miroirs.

« Trois » livres qui se superposent, se contrarient, mais finalement se conjuguent pour atteindre mieux que la sérénité, cette lucidité sensible, écorchée vive et si poignante qui fait les vrais souvenirs.

● Il y a la fiction, chant d'une femme qui veille sur l'illusion de l'amour, sentinelle noire dans la maison du passé, mémoire rêvée de toutes les femmes.

● Il y a le livre de la femme-mère qui dit, avec tendresse, humour et cruauté, qu'enfanter, aimer le même homme, élever sa fille sont combats douloureux, présence arrachée, étincelles de paix et fragments de bonheur, mais plus souvent deuil de son propre corps qui "devient une carrosserie que je ne reconnais pas comme étant mienne», heures lourdes où «je vais être basse agressive."

● Il y a enfin, Françoise Xenakis qui a le courage d'une déclaration essentielle : "Je n'ai pas d'aptitude pour le bonheur." Inaptitude dont l'heureuse conséquence est le troisième versant du livre : "Si je pouvais devenir sage. Je n'aurais plus, paisible, à tenter l'écriture."

Le Temps usé est un très grand livre, au sommet de la vie d'un écrivain, quand la tentation est grande de « dériver vers le silence ». Un livre devenu « roman » qui m'a bousculé et révélé ma pareille solitude.

■ Le temps usé, Françoise Xenakis, Editions Balland, 1992, ISBN : 2715808836

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