De l'insulte à l'affirmation de soi : être « camp »
Comme «queer», «camp» est une ancienne injure qui a connu un brillant destin. Créée à la fin du XIXe siècle pour stigmatiser les «folles tordues», revendiquée par la culture gay au milieu du XXe, l’appellation «camp» résume la quintessence du style gay : à la fois glamour et vulgaire, provoquant et dandy, théâtral, excentrique, porté sur le kitsch, la parodie et l’autodérision.
La meilleure illustration en est donnée par le phénomène drag-queen, né dans l’underground new-yorkais dans les années 1980. Le «camp» voue un véritable culte aux stars de la chanson comme Barbara, Dalida et Chantal Goya. Ainsi qu’à toute une série d’actrices dont les films sont devenus des œuvres cultes : les divines comme Greta Garbo, Judy Garland ou Joan Crawford ; les rigolotes comme Josiane Balasko, Valérie Lemercier et Sylvie Joly ; et les trashs, comme Edina et Patsy, les inénarrables héroïnes d’«Absolutely Fabulous».