Le berceau d'Edouard Vallet : monument à la vie ou catafalque paysan ?
Un nouveau-né repose dans un berceau. Posé sur un coffre, le lit de l'enfant se détache sur la couche vide de ses parents.
Ce berceau doit sa monumentalité à son cadrage serré, à sa composition strictement orthogonale et à sa profondeur réduite.
Conformément à l'esthétique symboliste à laquelle pourrait appartenir ce tableau, le sommeil entretient des rapports étroits avec la mort. Les tons verdâtres le disputent aux rouges et aux jaunes, l'ombre à la lumière. Les rosaces sculptées expriment aussi ce contraste.
Le coffre évoque-t-il alors un sarcophage, et le berceau un cercueil ?
La tension de cette œuvre d'Edouard Vallet (1876-1929) réside précisément dans l'impossibilité d'apporter une réponse univoque.
[...] m'enfermer dans d'étroites limites, mais qui contiendraient pour moi - comme un résumé d'univers ; où je pourrais dans un domaine restreint, mais que je sentirais uniquement à moi, exprimer l'essentiel, l'élémentaire de la vie humaine : travail, amour, maternité, et jusqu'au seuil du grand mystère.
Lettre d'Edouard Vallet à Alexis François, 1918
■ Edouard Vallet, Le berceau, 1913, huile sur toile,, 124 x 113 cm, musée cantonal des Beaux-Arts de Sion (Suisse)