Le petit ver de Stig Dagerman
Un ver rampait sur le cadavre d'un soldat
Il rampa, rampa, longtemps comme cela.
À la fin, il n'eut plus rien à manger.
Il était bien à plaindre, ce petit ver !
Mais quand il fut sur le point de mourir,
survinrent deux dames au large sourire.
Pauvre petit ver, nous créons, vois-tu,
une association pour assurer ton salut.
Chacune pleura comme une Madeleine
mais le ver, lui, était tout guilleret.
Pour un ver, c'est une véritable aubaine
Qu'il y ait des gens si bien intentionnés.
Le soldat gisait là, pendant ce temps,
Plongé dans ses pensées, en putréfaction.
Pourtant il était fort reconnaissant
D'avoir déjà payé sa cotisation.
13 septembre 1944
in « Billets quotidiens », Traduit du suédois pat Philippe Bouquet, Éditions Cent pages, Collection : Cosaques, avril 2002, ISBN : 2906724742, page 9