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Contre ceux qui demandent à l'État d'être toujours plus répressif sans vouloir réfléchir à leurs propres responsabilités

Publié le par Jean-Yves Alt

Il suffit de regarder la télévision, de lire les rubriques "société" des journaux, pour comprendre que les normes de notre société  changent : celles qui concernent les valeurs, nos habitudes quotidiennes, nos intuitions morales et qui nous conduisent pourtant à faire des choix. Le discours politique s’est emparé de ces questions de mœurs (homophobie, sexisme, tabagisme, alcoolisme, violences conjugales, insémination, filiation, adoption, euthanasie, obésité, etc.) : elles sont devenues de véritables affaires d’État.

Aujourd’hui, les citoyens exigent non pas plus de liberté, mais plus d’autorité. Ils craignent la perte des valeurs, ils se veulent vigilants sur les évolutions de la société. La crainte domine tout, l’espérance semble avoir disparu. La question essentielle n’est plus : « Que faut-il permettre ? » mais « Que faut-il interdire ? » Face aux nombreuses incertitudes de l’évolution des normes, ils réclament des lois, toujours plus de lois, le primat de l’autorité de l’État. Et, pas n’importe lesquelles : des lois avec toute la dureté du droit pénal pour que la société manifeste ses réprobations générales. Le nouveau rôle assigné à la justice est alors de bien séparer les victimes et les coupables, en demandant toujours plus de répression. En parcourant la rubrique "société française" des informations, on pourrait presque croire qu’il est moins dangereux d’aller en Irak que dans une école française ou chez son coiffeur.

Je suis attaché au respect de l’Etat de droit. Mais je suis aussi persuadé que l’arbitraire de l’État est un véritable danger. Je n’apprécie pas du tout que les autorités politiques prennent le droit d’envahir l’espace privé, c’est-à-dire ce qu’on pense en conscience et ce qu’on fait avec soi-même. Attention, je ne revendique pas le droit de faire n’importe quoi. Je souhaite par contre pouvoir discuter des critères qui fondent le partage entre le permis et l’interdit.

Ainsi, par exemple, je pense que le droit d’avoir des enfants ne doit pas rentrer dans un modèle familial particulier. Donc oui, aux enfants pour les couples homosexuels, oui pour les couples stériles parce qu’ils sont trop vieux... Les règles, (je ne suis aucunement contre les règles), devraient encadrer plutôt la responsabilité de chacun : concernant l’exemple précédent, je rendrais responsable des parents qui auraient décidé de faire naître un enfant dont ils savaient à l’avance qu'il aurait une vie de souffrances. Je rendrais responsable de l’obésité d'un enfant non pas le fabriquant de bonbons - comme on a pu le voir récemment - mais les parents qui n’ont pas su être vigilants... Un changement total de paradigme.


Lire aussi sur ce blog : Le code pénal comme nouveau catéchisme

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