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Mon regard sur le « saint Sébastien » dessiné par Pierre Buraglio

Publié le par Jean-Yves Alt

Quelques traces au crayon guident immédiatement ma mémoire. Les lignes de force qui marquent le corps suffisent à me rappeler Sébastien et son martyre.

Il est là en une totale frontalité.

Et pourtant très vite cette présence semble se dérober : pour son Sébastien, Pierre Buraglio a laissé le visage transparent, comme si celui-ci était considéré comme un appendice inutile.

C'est que pour Sébastien, le visage n'est pas ce lieu singulier permettant d'appréhender sa particularité : son corps nu et l'arbre, poteau d'exécution auquel il est attaché, sont là, seuls, pour le nommer.

Le corps de Sébastien n'a nullement besoin de la signature de son visage.

Saint Sébastien, Pierre Buraglio, 2003

Dessin au crayon bleu sur papier calque d'après une statue d'un saint Sébastien du XVe siècle, 56cm x 37cm

Buraglio a retenu le calme, l'impassibilité paradoxale du saint. Il me fait penser aussi à un résistant souriant devant le peloton d'exécution. Une seule marque sur son flanc droit reste visible : dernière trace d'une flèche après le passage de sainte Irène ?

L'artiste n'a retenu que la corporalité d'un homme dont la mort serait parole

En retirant la face de Sébastien, Pierre Buraglio me permet de le dévisager comme je ne l'avais encore jamais fait, en convoquant toutes ses figures que l'histoire de l'art m'a faites découvrir.

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