La déchirure, un film de Roland Joffé (1985)
Quand l'amitié est plus forte que la mort…
La Déchirure, un film bouleversant : sobriété et émotion à l'état pur.
En 1972, Sydney Schanberg, correspondant du New York Times se rend au Cambodge pour couvrir les premiers affrontements entre les Khmers rouges et le gouvernement de Lon Nol. Encadré de photographes, il s'entoure d'un collaborateur encore plus précieux, un assistant local, Dith Pran, fin limier connaissant le terrain et les us et coutumes du Cambodge. Leur collaboration ne se limite pas aux côtés pratiques, leur confiance mutuelle va peu à peu confirmer et sceller un pacte d'amitié à la vie, à la mort.
Un point d'histoire : le 17 avril 1975, les troupes Khmères entrent dans Phnom Penh, et les correspondants étrangers sont vivement priés de plier bagages. Dans cette atmosphère de grande confusion et de panique générale, Pran use de toute son habileté pour sauver la vie de son ami. Mais les événements vont prendre la tournure tragique que l'on sait et qui restera gravée dans les manuels d'histoire. Les Khmers ordonnent l'évacuation des villes, Schanberg et ses amis seront incapables, malgré leur imagination, d'empêcher l'arrestation de Pran.
Si l'histoire est dans le moindre détail vécue et rapportée dans les colonnes du New York Times, elle n'en devient que plus percutante sous les effets de caméra de Roland Joffé.
Point de lamentations outrageusement débordantes, ni de reconstitutions éclatantes, Roland Joffé a choisi la manière la plus sobre qui soit, mais aussi la plus forte : peu de texte et de dialogues, les images et les situations parlent d'elles-mêmes, rythmées par le lyrisme de la musique du film (signée Mike Oldfield).
Joffé séduit par sa délicatesse et le soin méticuleux et attentif qu'il apporte à chaque plan. Le pacte d'amitié et la longue recherche n'effacent pas le côté documentaire et événementiel du sujet, la condition des Cambodgiens aux prises avec les Khmers Rouges.
Un film d'une densité qui ne me laisse pas insensible. Un chef-d'œuvre.