Toute une nuit, Eric Valmir
Une nuit désaccordée.
Elle ne le regarde plus. Lui ne voit qu'elle. Monologues croisés d'un couple, là, tout au bord de la rupture.
« Tout ça c'est ridicule. Regarde-moi bordel. Parle-moi. On ne va pas se laisser bouffer comme ça jusqu'à en crever. »
Il a cru bêtement que la vie, l'usure, le quotidien, la déroute épargneraient son couple. « Quelle folle naïveté (...) Quelle douce utopie de s'être cru préservés ! ». Pour lui, la vie était tracée. Belle et sereine. Il se pensait à l'abri de ces tracas sentimentaux que l'on croit réservés à une période post-étudiante. Erreur. Personne n'est à l'abri. Rien n'est acquis.
Un soir, elle est rentrée. Sa voix s'est cassée, « étranglée par l'émotion ». Les mots sont tombés lourdement, douloureusement.
« Je t'ai trompé et je suis tombée amoureuse de lui. »
Impossible. « Tout ça était un gag » a-t-il d'abord espéré. « Elle allait éclater de rire, sortir un nez rouge et me crier à la figure : tu l'as cru, patate crue. Elle ne riait toujours pas. Au contraire, elle a commencé à pleurer ».
Puis le silence ; « Toi, sur le lit, moi sur la banquette, et le mur entre nous ». Plus rien.
« Et quand je dis rien, c'est rien ; Pas même un "Tu as acheté le pain ?", pas même un "Passe moi le sel". Plus que des corps qui s'évitent. Encore une insomnie, une nuit silencieuse. »
Tour à tour, l'auteur de Toute une nuit pénètre les pensées des deux personnages en déroute de ce huis clos amoureux, entre 22 heures et 6 heures du matin.
■ Toute une nuit, Eric Valmir, Editions Robert Laffont, avril 2005, ISBN : 2221103416