Hommage à Yves Navarre (1940 - 1994)
Cher Yves Navarre,
Je comprends, par trop, votre "maladie". Moi aussi je suis malade à la famille. D'une douleur dont on ne guérit jamais. Car, naguère, dans la famille, cette douleur vous a identifié tel « l'autre ». Et, dès lors, vous avez souffert aux autres.
Ces lignes, j'ai failli ne jamais vous les écrire. Votre Biographie, je l'avais, il y a quelques années, tout d'abord, négligemment feuilletée, certain que cela ne me concernait pas - ou peu. Je crois que j'ai encore besoin d'apprendre à lire. Toutes les lignes, tous les mots d'un livre. Je dois me garder, comme tout un chacun, des jugements qui relèvent d'a priori. Je connais aussi, ce que la critique littéraire peut « faire » d'un livre, dans le faire-semblant de comptes rendus qui trahissent une absence totale de lecture.
Je tenais à vous parler de votre douleur. Que veut dire avoir mal aux autres, si ce n'est connaître, jusque dans les maux de la chair, ce qui, indéfectiblement, fera défaut ?
Sachez, cher Yves Navarre, que votre quête ne vous a pas laissé seul. Non. Je suis sûr que quiconque a aperçu l'art comme une déchirure de l'identité d'avec l'être vous comprendra.
Quelques ouvrages d'Yves Navarre : Biographie - Ce sont amis que vent emporte - Fête des mères - Hôtel Styx - Le jardin d'acclimatation - Kurwenal ou la part des êtres - L'espérance de beaux voyages - Louise - Le petit galopin de nos corps - Premières pages - Une vie de chat - Romances sans paroles - Les dernières clientes [Théâtre] - Portrait de Julien devant la fenêtre - Le temps voulu - Killer - Niagarak - Pour dans peu