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Comme de la peste, Pierre Léon

Publié le par Jean-Yves Alt

Découvrir sur son tapis, un lendemain de beuverie, sa bonne vieille tante Vitamine poignardée et raide morte, ce n'est pas la joie lorsqu'on est « le reporter le plus pusillanime de Paris, le plus pédé, le plus trouillard, le plus doux du monde, bien amarré à sa chronique musicale » (p. 14).

Ce héros de faits divers malgré lui a par ailleurs une lourde croix familiale à porter : des parents avaricieux et à demi demeurés, deux autres tantes séniles et alcooliques, sans oublier « ce con d'Elie » (p. 15, 26) le cousin pervers et sournois, chargé des basses œuvres...

Quant à la défunte, dont la famille convoitait les millions, c'était la veuve d'un ex-boyscout qui « avait gagné sa fortune en faisant des pipes au bois de Boulogne » (p. 15).

Heureusement pour lui, le héros journaliste est entouré d'amitiés fidèles quoique souvent louches, comme sa grande copine Gudule « ravissante, avec sa petite jupe étroite et son tricot blanc et prune » (p. 16).

L'errance dans le Paris du narrateur, tout à la fois victime et enquêteur, lui offre quelques consolations lors d'apparitions impromptues de personnages qui semblent en savoir long, mais dont les mobiles n'apparaissent qu'à la fin du roman. Un flirt ambigu avec Gudule, séduisante avec son « air d'éprouvée salope » (p. 16), et une séance d'attouchements dans un cinéma porno hétéro avec un « grand blond, genre surfeur californien » qui « s'astiquait de la main gauche » (p. 40), déboucheront sur l'happy end idéale pour ce roman noir pédé, réjouissant et fort bien enlevé.

■ Comme de la peste, Pierre Léon, Editions Gallimard, Série Noire, 1992, ISBN : 2070493024

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